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Mort de Rémi Fraisse : les politiques s'accusent mutuellement après le drame

Le gouvernement est sous le feu des critiques, mardi, après la mort du jeune militant de 21 ans lors d'affrontements avec les forces de l'ordre ce week-end sur le site du barrage contesté de Sivens.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une manifestation, le 27 octobre 2014 à Nantes (Loire-Atlantique), après la mort d'un jeune manifestant sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn). (GEORGES GOBET / AFP)

"Un drame", "une tragédie"... A gauche comme à droite, la classe politique déplore la mort d'un jeune manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse, sur le site du barrage contesté de Sivens (Tarn).

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Mais après des "condoléances" unanimes, les différents partis politiques affichent leurs divergences, mardi 28 octobre, après ce drame.

L'UMP "met en cause les Verts"

"Je mets en cause en particulier les Verts", lâche François Fillon sur Europe 1, faisant le parallèle entre les actions menées à Sivens et celles contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ( Loire-Atlantique). Un "comportement antidémocratique et antirépublicain", selon l'ancien Premier ministre. 

"Ceux qui font de la violence politique une arme désormais systématique contre tous les projets d'infrastructures ont aussi leur part de responsabilité dans cette mort", dénonce-t-il. Qu'est-ce qu'on dirait si c'était l'extrême droite qui se conduisait comme ça ?"

"On dit que ce sont des casseurs qui étaient au premier rang dans ces manifestations. Mais, en réalité, ce ne sont pas des casseurs, ce sont des extrémistes politiques, argue François Fillon. Je ne dis pas que ce sont les Verts qui soutiennent ces extrémistes, mais enfin, ils sont ensemble, d'une certaine manière, ils agissent ensemble."

Les écologistes accusent le gouvernement...

Cécile Duflot a laissé éclater sa "colère" face à ce "scandale". Au micro de France Info, l'ancienne ministre du Logement, qui a quitté le gouvernement en mars, dénonce l'absence de compassion au sommet de l'Etat "depuis 48 heures".

"Il y a des questions très lourdes qui se posent", juge la députée d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui demande la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire. "On est, pour moi, face à une situation qui est absolument intolérable et qui va finir par être une tache indélébile sur l'action de ce gouvernement", tance Cécile Duflot, qui s'était rendue à Sivens il y a huit jours.

José Bové va plus loin. Sur BFMTV, le député européen accuse le gouvernement de "provocation" en postant des gendarmes sur le site du barrage de Sivens. "On a envie, au niveau du ministère que les choses dérapent. C'est une vieille pratique de manipulation. C'est un chiffon rouge. Il y a une erreur lourde et il va falloir que le ministère de l'Intérieur s'explique."

"Bernard Cazeneuve ne se rend pas compte de ce qu'est la démocratie. Le fait de manifester est un droit. (...) La démocratie est malade dans ce pays. (...) L'Etat s'obstine. On a connu ça avec le Larzac", poursuit l'écologiste, qui souligne, par ailleurs, que les témoignages recueillis depuis le drame tendent à accréditer une responsabilité des gendarmes dans la mort de Rémi Fraisse.

... Qui accuse les écologistes

"Responsabilité, "mesure", "retenue". Du ministre de l'Intérieur, en première ligne, au chef de l'Etat, en passant par le Premier ministre, le gouvernement a répondu à l'unisson aux attaques de Cécile Duflot et de José Bové.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fustigé "l'instrumentalisation politique sans vergogne d'un drame", au cours d'une allocution place Beauvau. Sa riposte a provoqué la colère de la patronne des écologistes. Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'EELV, s'est déclarée "scandalisée" par ces propos, jugeant que Bernard Cazeneuve met "en cause directement les écologistes".

A son tour, François Hollande a appelé à la "responsabilité" de chacun "dans son expression". Le président de la République plaide la "compassion" et il assure qu'il veillera "personnellement" à ce que "toute la vérité" soit faite sur les circonstances de la mort du jeune militant écologiste.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a, de son côté déploré les "propos excessifs" de certains, dénonçant "des mises en cause qui ne sont pas à la hauteur du drame que nous connaissons"

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