Mort d'un manifestant à Sivens : "Il s'est fait toucher alors qu’il y avait des explosions"
Plusieurs témoins présents sur les lieux du drame dans la nuit de samedi à dimanche, livrent leur version après la mort de Rémi. Ses proches décrivent, de leur côté, un jeune homme de 21 ans calme et réfléchi.
Rémi, 21 ans, est mort lors d'affrontements entre opposants au projet et forces de l'ordre sur le site du barrage contesté de Sivens, dans le Tarn. Son corps a été retrouvé dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre. Le jeune homme était venu manifester contre la construction de ce barrage critiqué en raison de son coût et de sa faible utilité. Plusieurs témoignages recueillis lundi permettent d'en savoir plus sur ce drame, alors que les résultats de l'autopsie du jeune homme doivent être communiqués dans la journée.
"Un garçon très calme"
"Rémi était très sensibilisé à ce problème de barrage de Sivens", a confié le père du jeune homme à BFMTV. Tout en attendant le résultat de l'autopsie, il se déclare "étonné qu'on en arrive à des violences comme ça".
Rémi était "un garçon très calme, un peu effacé. Il était parti là-bas [dans un état d'esprit] bon enfant pour apporter son soutien à ce combat environnemental. Il était sans protection, c'est pour cela qu'il a été mortellement blessé", témoigne un ami de la famille, interrogé par RTL. Ce dernier estime qu'il "s'est retrouvé embarqué au milieu de gens que j'appelle 'des casseurs' et qui étaient venus probablement sur Sivens pour la violence. Ce n'était pas un militant radical de l'écologie, loin de là."
"Les gendarmes se sont mis à quatre pour l'emmener"
"Un pote est tombé", témoigne de son côté à l'AFP Victor Belle, présent quand le corps inanimé du jeune homme a été ramassé par les gendarmes. "C'était entre 2 heures et 2h30, on a vu un pote tomber au sol. Les gendarmes se sont mis à quatre pour le tirer et l'emmener", assure-t-il, en montrant du doigt une tache de sang rouge sombre, d'une trentaine de centimètres, encore présente sur l'argile damée où se sont déroulées les échauffourées. A partir de la tache, on distingue nettement des lignes parallèles qui peuvent faire penser à celles laissées par deux pieds traînant sur le sol.
"On voulait faire en sorte qu'il n'y ait plus de gendarmes sur la zone et arrêter ce chantier", détaille Victor Belle, âgé d'une vingtaine d'années, pour justifier sa présence sur le chantier, dans la nuit de samedi à dimanche, "avec plus d'une centaine" d'autres opposants. Les forces de l'ordre étaient postées sur place. "Ils avaient des Flash-Balls. Ils nous visaient. Ils ont commencé à tirer des lacrymogènes. C'était chaud", souffle le jeune homme, pantalon noir crotté et barbe de plusieurs jours, qui se présente comme un militant de la cause écologiste, habitué des terrains de "lutte".
"Il n'était pas bourré, il n'était pas défoncé"
"Il était à 30 m de moi sur ma gauche. Je l’ai vu se faire toucher alors qu’il y avait des explosions à côté. Ils [les forces de l'ordre] ont envoyé des grenades explosives [assourdissantes], des tirs de Flash-Balls. Après, cette personne s’est retrouvée à terre", confirme Camille sur le site Reporterre, qui a recueilli des témoignages de plusieurs militants présents lors du drame.
"Ça a duré jusqu'à 4 heures et le lendemain [dimanche], on a entendu qu'il y avait eu un mort. On a direct compris que c'était notre pote, fulmine Victor. Aujourd'hui, on a la haine. Et je tiens à dire que notre pote était lucide. Il n'était pas bourré, il n'était pas défoncé." Il tient aussi à démentir le fait que les gendarmes ont fait face à des "anarchistes" : "C'est faux. On n'a rien d'anarchiste. Je n'ai rien à voir avec cela. Mon pote non plus."
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