Biodiversité : le grand tétras bientôt réintroduit dans les Vosges ?

La "translocation" de cet oiseau, menacé d'extinction dans le massif vosgien, fait l'objet d'une consultation publique.
Article rédigé par franceinfo
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Avant qu'il ne disparaisse totalement, le parc naturel du ballon des Vosges souhaite importer 200 grand tétras de Norvège. (PHILIPPE CLÉMENT / MAXPPP)

Le parc naturel régional des Ballons des Vosges souhaite renforcer la présence d’un oiseau mythique : le grand tétras menacé d'extinction dans ce massif. Son souhait est de réaliser une "translocation" de plusieurs oiseaux, de la Norvège au massif des Vosges. La préfecture des Vosges qui doit donner ou non son accord a donc lancé une consultation publique jusqu’à dimanche 24 mars alors que de nombreux scientifiques ont déjà exprimé leur opposition à ce projet de réintroduction. 

La forêt mixte remplie de feuillus et de résineux serait un endroit qui pourrait parfaitement accueillir l'oiseau emblématique, selon Laurent Seguin, le président du parc naturel des Ballons des Vosges. "On en parle, très peu l'ont vu et c'est pour cela qu'il est assez mythique, parce qu'il est assez difficile à voir, d'autant plus qu'il s'est raréfié durant les dernières décennies", explique-t-il. Il décrit le son du grand tétras : "Un son assez particulier composé en plusieurs 'strophes' : une première strophe qui ressemble à un couteau qu'on aiguiserait, ensuite un cri un peu plus guttural et qui se termine par un bruit de bouchon de champagne qu'on retire".

Des scientifiques et des associations opposés au projet

Il reste moins d'une dizaine de "tetrao urogallus", le nom savant du grand tétras. Avant qu'il ne disparaisse totalement, le parc naturel des Ballons des Vosges souhaite importer 40 oiseaux de Norvège par an, pendant cinq ans. "Ce sont des oiseaux qui sont déduits des quotas de chasse des oiseaux norvégiens, tient à préciser Laurent Seguin, parce que l'oiseau est très présent en Norvège. Il est chassé, ils en tirent plusieurs milliers par an. Donc, on va peut-être leur infliger un stress, mais quelque part, on leur sauve aussi un peu la vie." 

De son côté, le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel a émis un avis défavorable en dénonçant un projet voué à l’échec alors que le réchauffement climatique est déjà amorcé. Un avis partagé par Claude Maurice, de l'association Oiseaux Nature. "Ça fait 40 ans que les effectifs déclinent, donc la mort est certaine. Les habitats ne sont plus là, les conditions ne sont plus là. C'est fini. Le milieu d'accueil n'est plus suffisamment vaste et n'est plus de qualité, martèle-t-il. Les prédateurs sangliers dénichés au sol détruisent la gélinotte, détruisent des autres espèces aussi, comme le terrier des prés et autres. Et il n'y a aucune volonté politique de freiner ça". La décision de la préfète des Vosges est attendue dans les prochains jours, alors que le parc espère prélever ces oiseaux rapidement avant la période de reproduction. 

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