Biodiversité : les coraux du Pacifique abritent des quantités insoupçonnées de micro-organismes et de bactéries
Une étude publiée par Nature Communications rebat les cartes sur nos connaissances des océans et de leurs habitants. Pour arriver à ces résultats, publiés jeudi 1er juin, les chercheurs se sont appuyés sur les milliers d’échantillons prélevés par la goélette Tara, lors de son expédition dans ces mers du Sud entre 2016 et 2018.
Dans différentes zones du Pacifique, 5 000 échantillons ont été prélevés sur trois espèces de coraux, mais aussi sur deux variétés de poissons et également du plancton local. Grâce à ces prélèvements, les chercheurs sont arrivés à ce chiffre inédit et impressionnant : près de trois milliards de séquences génétiques différentes ont été retrouvés, soit autant de micro-organismes potentiels.
Pierre Galand, le directeur de recherche à l’observatoire océanologique de Banyuls détaille la portée vertigineuse de cette découverte. ''En mesurant cette diversité, avec les quelques milliers d'échantillons qu'on a quand même pu récolter, explique-t-il, on est arrivé à des valeurs qui étaient 20 % de la diversité actuelle estimée pour l'ensemble de la Terre. Et quand on a extrapolé ces données aux centaines d'espèces de poissons et de coraux qu'on avait dans les récifs, en fait, on arrive à un chiffre qui correspond au nombre d'espèces totales estimées à l'heure actuelle pour l'ensemble de la planète Terre. Donc juste sur le Pacifique, nous, ce qu'on montre ce qu'on a déjà l'ensemble de la diversité actuellement estimée.
"Il y a sans doute beaucoup plus de micro-organismes, de bactéries sur terre que ce qu'on pensait."
Pierre Galand est directeur de recherche à l’observatoire océanologique de Banyulsà franceinfo
Un autre enseignement a surpris le chercheur : en regardant de plus près cette vie microscopique, trois nouvelles espèces de bactéries ont été découvertes, attachées à chaque fois à un type de corail. ''On a par exemple vu que ces bactéries, , reprend Pierre Galand produisent des vitamines, en particulier des vitamines B, . qui ne sont pas produites par le corail, donc une vitamine très importante et qui pourrait être apportée par la bactérie au corail''.
Le secret anti-âge du corail
Les échantillons ramenés par l'expédition Tara ont aussi apporté des connaissances sur une propriété remarquée et remarquable des coraux : leur longévité.
Ces données ont intéressé Paola Furla de l’Université de Nice qui travaille sur ces phénomènes de vieillissement chez l’Homme avec les maladies associées comme certains cancers. "Le marqueur de vieillissement qui a été très étudié, c'est la réduction des chromosomes et donc des extrémités chromosomiques. Et on s'est aperçu qu'en fait, ce n'est pas parce qu'ils sont très vieux qu'ils vont avoir des longueurs chromosomiques plus petites. Donc il doit avoir un arsenal qui lui permet de protéger son ADN.
"Pour nous, c'est vraiment le tremplin pour ensuite aller étudier comment ces organismes arrivent à préserver les génomes et à avoir ce vieillissement pas aussi rapide que le nôtre."
Paola Furla, enseignante-chercheuse à l'université Côte d'Azurà franceinfo
D’autres études, sur ces coraux sont en cours et portent par exemple sur l’effet du dérèglement climatique. Elles s'appuient également sur les échantillons prélevés par le voilier laboratoire au cours de ces deux ans de mission dans les eaux du Pacifique.
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