Ce qu'il faut retenir des engagements pris lors du One Ocean Summit
Le One Ocean Summit s'est tenu à Brest du 9 au 11 février. Plusieurs engagements y ont été pris pour la protection des océans, notamment afin de réduire la pollution plastique.
Protéger la haute mer et lutter contre l'invasion du plastique. Une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement ont promis, vendredi 11 février, à Brest (Finistère), autour d'Emmanuel Macron, d'en faire plus pour protéger les océans, indispensables à la régulation du climat et riche en biodiversité, mais mis à mal par les activités humaines. "La mobilisation d'aujourd'hui a permis de concrétiser beaucoup d'engagements, des coalitions nouvelles d'acteurs privés et publics, d'Etats", s'est félicité le président français en conclusion du sommet. Alors que plusieurs rendez-vous internationaux importants autour de la question des océans se tiendront dans le courant de l'année 2022, "si nous nous en donnons les moyens, nous pouvons prendre des décisions historiques, il faut que ça commence aujourd'hui, à Brest", a martelé Emmanuel Macron. Voici ce qu'il faut retenir des principales annonces de ce sommet.
Protéger davantage la haute mer
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé depuis Brest le lancement d'une coalition comptant les 27 Etats membres de l'UE et 16 autres pays pour conclure un traité destiné à protéger la haute mer, qui n'est sous la juridiction d'aucun Etat. "Nous sommes très proches mais nous devons donner de l'impulsion pour le conclure cette année", a insisté la dirigeante européenne.
"On a eu des déclarations françaises, de la Chine, des Etats-Unis, de l'Union européenne et des pays en voie de développement. C'est bien, parce que ça sécurise les négociations sur le traité", a réagi sur franceinfo François Chartier, chargé de campagne Océan à Greenpeace. "Après, dans le contenu, dans le détail, notamment dans les mécanismes pour vraiment protéger la haute mer, on manque de clarté."
"Ça reste très flou. On aurait aimé avoir plus de détails. Mais au moins, il y a cette avancée."
François Chartier, spécialiste des océans chez Greenpeacesur franceinfo
La haute mer, qui commence où s'arrêtent les zones économiques exclusives des Etats, à maximum 200 milles nautiques des côtes, représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète mais a pourtant longtemps été ignorée. Pour y remédier, un traité (surnommé BBNJ) destiné à protéger la haute mer est en négociations depuis 2018 sous l'égide de l'ONU. Interrompues par la crise sanitaire, les négociations doivent reprendre en mars à New York.
Lutter contre la pollution plastique
Des négociations vont se poursuivre en vue de la signature d'un accord international contre la pollution plastique. A l'occasion du sommet brestois, les Etats-Unis ont annoncé rejoindre une dizaine de pays, ainsi que l'ensemble de l'Union européenne, en vue de négociations sous l'égide de l'ONU pour un accord international contre cette forme pollution provoquée par les 8,3 milliards de tonnes de plastiques produits depuis les années 1950. Le lancement de ces négociations sera examiné lors de la 5e Assemblée des Nations unies pour l'environnement fin février.
La présidence française en a rappelé l'ambition : viser 100% de réutilisation ou de recyclage des matières plastiques et l'abandon de toutes les utilisations à usage unique. Avec cet objectif, la Grèce, l'Italie, la Colombie, la Corée du Sud, la ville de Paris et la région maritime de Grèce-Centrale ont rejoint l'"engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques", tout comme 500 signataires du monde entier, dont 250 entreprises, a rapporté la présidence française.
Ainsi, plusieurs banques – la Banque européenne de reconstruction, la Banque européenne d'investissement et les banques de développement française, allemande, italienne et espagnole – se sont ainsi engagées à financer la réduction des pollutions plastiques à hauteur de 4 milliards d'euros d'ici 2025.
La France s'est pour sa part fixé l'objectif de traiter sous 10 ans ses décharges abandonnées qui jonchent ses littoraux. Sur la cinquantaine recensée, Emmanuel Macron en a cité trois qui seront traitées dès cette année : celle de Dollemard, au Havre (Seine-Maritime), de Fouras (Charente-Maritime) et de l'Anse Charpentier (Martinique).
Créer plus d'aires protégés
Le président de la Polynésie française, Edouard Fritch, a annoncé vendredi le projet d'une "aire marine protégée de plus de 500 000 km2" et des zones réservées à la pêche côtière sur une surface équivalente.
Plus de 30 nouveaux pays se sont engagés, lors du One Ocean Summit, à rejoindre la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples lancée en 2021 à l'occasion du One Planet Summit pour la conservation de la biodiversité amenant à 84 le nombre de pays qui portent l'objectif de protéger 30% des terres et des mers du monde d'ici à 2030.
Plus d'aires protégées donc, mais pas de déclaration sur les règles en vigueur dans ces zones, comme demandées par les experts. "Jusqu'à présent, on a cherché la quantité, arrivant à un nombre astronomique d'aires marines protégées. Maintenant on demande de la qualité, avec des écosystèmes réellement protégés", défendait notamment auprès de franceinfo Joachim Claudet, chercheur au Centre de recherche insulaire et observatoire de l'environnement (Criobe).
Lutter contre la surpêche et la pêche illicite
Quatorze pays se sont engagés, lors du One Ocean Summit, à renforcer la lutte contre la pêche illégale. Six d'entre eux doivent ratifier cette année l'accord du Cap de l'Organisation maritime internationale (OMI), destiné à renforcer la sécurité des navires de pêche et à lutter contre la pêche illégale. Il pourra ainsi entrer en vigueur, a salué la France.
Deux nouveaux pays ratifieront par ailleurs l'Accord relatif aux mesures de l'Etat du port de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, qui permet de contrecarrer le débarquement dans les ports des navires qui pratiquent la pêche illicite. Plusieurs membres de l'UE se sont ensuite "engagés à mobiliser leur marine d'Etat dans le cadre de missions à l'extérieur pour renforcer la surveillance de la pêche illégale", a ajouté la présidence française.
Intensifier la cartographie des fonds marins
L'Unesco s'est aussi engagée à ce qu'au moins 80% des fonds marins soient cartographiés d'ici 2030, contre 20% actuellement. Afin d'atteindre cet objectif, d'un coût de cinq milliards d'euros, trois axes sont envisagés : la mobilisation d'une flotte de 50 navires spécialement dédiée à la cartographie des fonds marins, l'intensification du recours au sonar sur navire autonome et la transmission par les gouvernements et les entreprises des données cartographiques dont ils disposent.
"Connaître la profondeur et les reliefs des fonds marins est essentiel pour comprendre l'emplacement des failles océaniques, le fonctionnement des courants océaniques et des marées, comme celui du transport des sédiments."
L'Unescodans un communiqué
"Ces données contribuent à protéger les populations en anticipant les risques sismiques et les tsunamis, à recenser les sites naturels qu'il convient de sauvegarder, à identifier les ressources halieutiques pour une exploitation durable, à planifier la construction des infrastructures en mer, ou encore à réagir efficacement aux catastrophes à l'image des marées noires, des accidents aériens ou des naufrages", poursuit l'organisation onusienne.
Lancer une coalition pour le "carbone bleu"
Alors que l'océan a une grande capacité de captation du CO2 émis par nos activités et responsable du changement climatique, à travers notamment les prairies sous-marines ou les mangroves, le One Ocean Summit a souhaité défendre la protection de ces écosystèmes. La France et la Colombie ont ainsi lancé à Brest une coalition internationale pour le carbone bleu, pour financer leur restauration.
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