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Chasses traditionnelles d'oiseaux à nouveau autorisées : la LPO dénonce l'acharnement à "tordre le droit pour tuer"

Le ministère de la Transition écologique a réautorisé plusieurs technique de chasse traditionnelle, en dépit d'un arrêt du Conseil d'État cet été.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un pinson pris dans une "matole", technique qui est à nouveau autorisée dans les Landes et le Lot-et-Garonne. (NICOLAS TUCAT / AFP)

La LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux, confirme qu'elle va saisir le Conseil d'État, ce vendredi 15 octobre sur franceinfo, après la parution de plusieurs arrêtés réautorisant un certain nombre de chasses traditionnelles d'oiseaux dans plusieurs départements. "On s'acharne à tordre le droit pour tuer davantage", s'est insurgé son président Allain Bougrain-Dubourg.

"On le regrette, c'est affligeant", a-t-il poursuivi, dénonçant le calendrier choisi par le ministère de la Transition écologique. "Il prend cette mesure un vendredi, ce qui veut dire que notre référé va partir aujourd'hui, mais qu'il ne prendra forme qu'à partir du début de la semaine prochaine, fait-il remarquer. Alors même si le Conseil d'État suspend les arrêtés, ils auront permis aux chasseurs d'aller maltraiter la faune pendant au moins un week-end". Le président de la LPO a dénoncé le "décalage total" entre les propos d'Emmanuel Macron, quand il affirme au Sommet mondial de la biodiversité à Marseille "que la France doit être exemplaire", et "cette réalité" où l'on ré-autorise des pratiques de chasse.

"C'est un loisir, un plaisir à tuer"

"Il ne s'agit pas de limiter des populations en surnombre comme le sanglier ou de chasser pour survivre, c'est un loisir, un plaisir à tuer", a dénoncé Allain Bougrain-Dubourg. Il a tenu à rappeler que les oiseaux, dans les Ardennes notamment, se faisaient "étrangler par des lacets" après avoir été capturés par ces pratiques qui consistent à piéger des oiseaux dans des cages ou des filets.

"Quand les traditions sont mauvaises, meurtrières, il faut les cesser"

Alain Bougrain-Dubourg, président de la LPO

à franceinfo

"Au XXIe siècle, ce n'est pas acceptable. L'Europe ne l'accepte pas, on est le dernier pays d'Europe à l'accepter", a-t-il critiqué appelant "à arrêter de se comporter de manière inacceptable à l'égard de la faune sauvage".

La population des alouettes des champs en déclin 

Selon ses chiffres, les alouettes, visées notamment par ces réautorisations, ont perdu 30% de leur population en 15 ans. L'Union internationale pour la conservation de la nature considère également que l'espèce décroit. "Doit-on en rajouter encore alors qu'on les tire déjà au fusil ?", s'est interrogé Allain Bougrain-Dubourg. "Calmons-nous avec cette violence à l'égard de la nature, un peu de dignité élémentaire, c'est inacceptable", a-t-il répété dénonçant le poids du lobbying des chasseurs. "C'est pathétique, on est le pays des droits de l'Homme mais on n'est pas le pays des droits de la nature", a-t-il conclu.

L'association One Voice, de son côté, a également fait savoir sur son compte Twitter, ce vendredi, qu'elle s'apprêtait à saisir le Conseil d'État. "Nos référés partent", a-t-elle indiqué.

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