Des chasses traditionnelles d'oiseaux à nouveau autorisées dans plusieurs départements, des associations saisissent le Conseil d'État
Le ministère de la Transition écologique autorise à nouveau plusieurs techniques de chasses traditionnelles d'oiseaux qui avaient été retoquées par le Conseil d'État cet été.
Des chasses traditionnelles d'oiseaux sont à nouveau autorisées dans plusieurs départements, selon des arrêtés publiés ce vendredi au Journal officiel par le ministère de la Transition écologique. Il s'agit des chasses au moyen de pantes, de matoles et de tenderies, des pratiques qui consistent à piéger les oiseaux dans des cages ou des filets grillagés, à les appâter avec de la nourriture, pour ensuite les tuer.
Ces pratiques avaient été jugées "illégales", le 6 août dernier, par le Conseil d'État. L'institution, saisie par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et l'association de défense animale One Voice, avait annulé ces autorisations de chasse les jugeant "non conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux" prévues par les directives européennes.
Permettre aux chasseurs "de maintenir leur patrimoine culturel"
Le gouvernement avait alors fait savoir, dès le 15 septembre, qu'il n'était pas de cet avis, en mettant en consultation lesdits arrêtés pour faire valoir que ces chasses respectent bien le droit européen. Rendus officiels ce vendredi, les arrêtés estiment que ces techniques permettent "de capturer les oiseaux vivants, sans leur causer de dommages corporels", ils défendent "un mode de chasse plus respectueux de l'environnement" que la chasse à tir, tout en permettant "aux chasseurs de maintenir leur patrimoine culturel". Un "patrimoine" que les chasseurs ont défendu, dans la rue, à l'occasion de cinq rassemblements ayant réunis jusqu'à 42 000 manifestants le 18 septembre dernier.
Le nouveau cadre légal prévoit l'autorisation de ces techniques pour capturer cinq espèces d'oiseaux – l'alouette des champs, les vanneaux, les pluviers dorés, les grives et les merles noirs – dans cinq départements : la Gironde, les Landes, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques. La condition est de respecter des quotas fixés à 113 530 oiseaux, au total, pour la saison 2021-2022, dont plus de 100 000 alouettes des champs.
Dans le détail, dans les Landes, les chasseurs sont ré-autorisés à chasser 56 672 alouettes des champs au moyen de pantes et 4 928 alouettes des champs au moyen de matoles. En Gironde, ils sont ré-autorisés à chasser 38 600 alouettes des champs au moyen de pantes. Dans les Ardennes, il est possible de chasser 1 200 vanneaux au moyen de filets, 30 pluviers dorés et 5 800 grives ou merles noirs. Dans le Lot-et-Garonne, le quota d'alouettes des champs est fixé à 1 230 pour la chasse à l'aide de pantes et à 2 870 pour la chasse à l'aide de matoles. Enfin, dans les Pyrénées-Atlantiques, le nombre d'alouettes des champs pouvant être capturées au moyen de pantes est limité à 2 200.
Des associations annoncent saisir le Conseil d'État
L'association One Voice a fait savoir dans sur son compte Twitter, ce vendredi, qu'elle s'apprêtait à saisir le Conseil d'État. "Nos référés partent", a-t-elle indiqué.
Nous avions annoncé que si @Ecologie_Gouv autorisait à nouveau les chasses traditionnelles, nous saisirions @Conseil_Etat. Les arrêtés condamnant près de 115000 oiseaux ont été publiés, nos référés partent. #LaChasseUnProblèmeMortel #LaFranceTueSesOiseaux https://t.co/3L8H55lfMR
— One Voice (@onevoiceanimal) October 15, 2021
De son côté, dans un communiqué, daté du 15 septembre, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) avait déjà considéré que les arrêtés, alors en préparation, demeuraient "illégaux". "La LPO demandera leur suspension immédiate devant le Conseil d’État si jamais ils sont signés", pouvait-on lire dans ce communiqué. La LPO indique que l'alouette des champs est classée en "préoccupation mineure" et le vanneau huppé en "quasi menacé" sur la liste rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en France.
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