En Malaisie, des ONG libèrent les coraux des filets de pêche "fantômes"

Ce sont des filets abandonnés par les pêcheurs, de véritables déchets marins qui recouvrent les récifs coralliens et dégradent l'écosystème.
Article rédigé par franceinfo - Juliette Pietraszewski
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un filet de pêche abandonné dans l'océan pacifique. Image d'illustration. (MICHAEL NOLAN / ROBERT HARDING RF)

C'est une problématique qui touche beaucoup d'endroits sur la planète : les filets de pêche fantômes. Ces filets abandonnés ont des conséquences sur nos écosystèmes. Pour lutter contre ces "déchets" marins, de nombreuses associations organisent des plongées pour récupérer les filets. En Malaisie, les initiatives sont encore trop rares, selon des activistes.

À Lumut, une ville côtière dans l'État de Perak, le malaisien Azrai a créé une ONG dédiée à ce problème, Nature and Oceanography Advocate Society. Il plonge à plus de dix mètres de profondeur pour dégager les filets de pêche et libérer les coraux. Une opération qu'il aimerait pratiquer plus souvent : "Il y a de nouveaux filets sous l'eau, on en découvre souvent et parfois ce sont de vieux filets".

L'opération pour retirer ces déchets marins est fastidieuse et les bénévoles prêts à aider Azrai et son ONG locale ne sont parfois pas assez nombreux. "Si on a suffisamment de bras, on descend sous l'eau, à dix personnes environ. Parfois c'est beaucoup moins : la dernière fois, on était seulement trois, regrette-t-il. L'opération dépend du nombre de volontaires qu'on a, on peut faire deux à trois plongées. Mais ça prend du temps. À chaque plongée, on doit se reposer pendant environ 45 minutes, voire une heure, pour égaliser et mutualiser nos efforts."

10% des déchets marins sont des filets fantômes

Les filets de pêche fantômes sont des filets abandonnés par des pêcheurs. Anuar Abdullah est fondateur de l'organisation Ocean Quest Global. Selon lui, cette problématique touche de près celle de la surpêche. "Perdre un filet, ce n'est le but d'aucun pêcheur. Mais l'océan s'épuise, et les pêcheurs doivent se déplacer de plus en plus proches des récifs, remarque-t-il. Et la plupart du temps, ils se retrouvent coincés avec leur filet. Quand le filet est coincé, ils n'ont pas d'autres choix que de le couper et de l'abandonner là-bas."

Selon Anuar Abdullah, espère que d'autres initiatives vont naître en Malaisie pour lutter contre les filets de pêche fantômes. Cette cause est essentielle, car ils représentent 10% des déchets marins et constituent un danger certain pour les coraux, capables de capter, libérer et accumuler du carbone sous diverses formes.

"Comment un corail peut-il se développer quand le récif est recouvert de filets ? Doucement, ça se dégrade, tout comme le nombre de vies marines qui dépendent de cet espace."

Anuar Abdullah, de l'ONG Ocean Quest Global

à franceinfo

"Où vont ces filets ? La plupart s'installent sur les puits de carbone et interrompent tout le processus de croissance des coraux, se désole-t-il. Donc on peut faire tout ce qu'on veut pour essayer de réduire le carbone, mais en dessous de la mer, il y a des millions d'années de carbone accumulées relâchées dans la mer par ces matériaux, c'est très fâcheux."

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