Frelons asiatiques : avec l'arrivée du printemps, les apiculteurs tentent tant bien que mal de protéger leurs ruches

Cet insecte tueur d'abeilles s'est développé en France ces vingt dernières années. Selon une étude, il menacerait plus de 300 000 ruches par an.
Article rédigé par franceinfo
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Un piège à frelon asiatique (ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS)

Il est de retour. Le frelon asiatique, arrivé en 2004 dans le sud-ouest de la France à bord d'un conteneur venu de Chine, s'est propagé dans le pays, jusqu'à devenir un véritable fléau. Aujourd'hui, selon une étude de l'université Paris Saclay et du Muséum national d'histoire naturelle, il menacerait plus de 300 000 ruches par an, selon le scénario de prédation le plus élevé. Avec l'arrivée du printemps, les apiculteurs tentent tant bien que mal de protéger leurs ruches.

A Paris, les abeilles de Lorraine Félix sortent tout juste de l'hivernage : "Les reines ont repris leur ponte depuis février et il y a les premiers nectars qui commencent à arriver", explique l'apicultrice en combinaison de protection qui inspecte les quatre ruches qu'elle entretient sur le toit du siège du Parti communiste, place du Colonel Fabien. Mais ces colonies d'abeilles font face à une menace, même en plein cœur de la capitale : le frelon asiatique. "Un nid de frelons asiatique par saison consomme environ 11 kilos d'insectes. Sur la ville, cela représente jusqu'à 66 % d'abeilles. Ca a donc un impact sur nos ruchers", précise l'apicultrice.

Les pièges déconseillés

Avant même de les tuer, l'insecte venu d'Asie provoque chez ces abeilles un stress qui les empêche de sortir butiner les fleurs. Pour les protéger, Lorraine Felix sort une arme : une boîte en plastique. "Un piège avec des nasses, dans lequel on va mettre un attractif pour piéger les fondatrices frelons. L'objectif est qu'elles ne constituent pas des nids qui, ensuite, deviennent un danger potentiel pour la population et pour nos ruchers en fin de saison, c'est-à-dire aux alentours d'août-septembre, et parfois jusqu'à novembre", détaille Lorraine Félix.

Reste que l'efficacité de ces pièges reste à prouver scientifiquement. "Le frelon asiatique une espèce invasive et, à l'heure actuelle, nous n'avons pas d'outils de lutte très efficaces", assure Eric Darrouzet, enseignant chercheur à l'université de Tours. Ce spécialiste recommande d'utiliser des pièges sélectifs, "pour ne pas impacter l'antomophone, c'est-à-dire les populations d'insectes non ciblées. C'est pourquoi ces pièges, il faut aller les voir tous les jours, comme ça, nous pouvons libérer les insectes pris au piège par erreur. Il faut également changer les appâts toutes les semaines." Il déconseille donc les pièges artisanaux, fabriqués à partir de bouteille en plastique, des dispositifs qui risquent de piéger d'autres insectes et donc de perturber la biodiversité.

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