Nouveau plan loup : "Le signal donné est vraiment très mauvais", dénonce un spécialiste de la biodiversité de France Nature Environnement
"Le signal donné est vraiment très mauvais", a dénoncé jeudi 22 février sur franceinfo Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité de France Nature Environnement (FNE), alors que le gouvernement annonce un nouveau plan loup. Dorénavant, quand un loup attaque un troupeau, deux voire trois tireurs seront désormais autorisés contre un seul aujourd'hui. "L’État a choisi vraiment de déséquilibrer le plan en donnant une part prépondérante aux tirs de loups, aux destructions de loups dans la gestion de la présence de l'espèce", a-t-il déploré.
Le sujet est particulièrement sensible et oppose les agriculteurs et les défenseurs de l'environnement. Jean-David Abel ne comprend pas cette nouvelle doctrine : "La population de loups ces dernières années était développée de façon assez importante dans un certain nombre de départements, alors que les dommages stagnent depuis six ans. L'année dernière encore, ils ont même baissé", a-t-il expliqué. "C’est vraiment un plan communiquant" à l'adresse des éleveurs, a-t-il ajouté.
La FNSEA réclamait davantage de tirs de loups autorisés
Jean-David Abel critique une "banalisation du tir même en situation de faible dommage". Pour autant, il "ne remet pas en question le fait que des loups soient tués, encore une fois, quand il y a des foyers de prédation avec des exploitations protégées qui malgré tout subissent des attaques", dit-il. Selon lui, les "chiens de protection, les clôtures électriques et la présence humaine" sont très efficaces comme moyens de protection. "Ce sont les chiens qui sont d'abord les plus efficaces. De janvier à décembre, la nuit, dans tous les climats, partout, c'est les chiens qui font 90 % du boulot", a-t-il souligné.
On compte aujourd’hui plus de 1 000 loups en France pour 12 000 animaux attaqués, selon les chiffres officiels. La population est sous-estimée, selon la FNSEA. Le syndicat réclamait davantage d'autorisations de tir mortel fixé à 209 par an, soit 19% du nombre total de loups. Pour Jean-David Abel, avec ce nouveau plan, "on va surtout tuer plus de loups. C'est ça notre problème. Dans des situations dans lesquelles les conditions dérogatoires ne sont pas remplies et dans lesquelles il y a pas ou peu d'attaques ou peu de dommages", a-t-il dénoncé.
Il a pointé le discours tenu par Marc Fesneau : "On est avec la présence d'une espèce protégée. Contrairement à ce que dit le ministre de l'Agriculture, le bon état de conservation n'est absolument pas avéré en France. Il n'a aucun élément scientifique. D'ailleurs, il n'a demandé aucune étude scientifique, mais par contre il facilite les tirs comme si c'était une espèce qui était présente à des dizaines de milliers dans notre pays", a-t-il regretté. Jean-David Abel a le sentiment que "la biodiversité est vraiment la variable d'ajustement des relations avec le syndicat majoritaire", la FNSEA.
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