Pollution lumineuse : "elle ne diminue pas" et a un véritable "impact sur les espèces", alerte une association de protection de l'environnement
"Depuis des années, des études scientifiques montrent les impacts multiples sur tous les groupe d'espèces", rappelle vendredi sur franceinfo Anne-Marie Ducroux, porte-parole de l'ANPCEN.
"Nous constatons que la pollution lumineuse ne diminue pas" et qu'elle a un véritable "impact sur les espèces", a alerté vendredi 20 janvier sur franceinfo Anne-Marie Ducroux, porte-parole de l'ANPCEN, l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes. Une déclaration en réaction à une étude publiée dans la revue Science (article en anglais) qui assure que la pollution lumineuse ne cesse d'augmenter au point de perturber le travail des astronomes et d'avoir des effets négatifs sur la biodiversité. Anne-Marie Ducroux regrette qu'il n'y ait pas d'objectif chiffré pour réduire cette pollution et que la France n'aille pas plus loin.
franceinfo : Est-ce que les conclusions de cette étude vous surprennent ?
Anne-Marie Ducroux : Pas du tout. On pourrait même être étonnés qu'il y ait un étonnement. Nous constatons que cette pollution lumineuse elle ne diminue pas, en tout cas pas suffisamment. D'autre part, on a déjà alerté depuis plusieurs années sur le fait que mesurer la pollution lumineuse par des prises de vue satellitaires ne rendait pas du tout compte de la pollution lumineuse au sol. Pourquoi au sol ? Parce qu'en fait c'est là qu'il y a des effets néfastes sur l'environnement et sur les humains. Il est donc important de ne pas confondre l'objectif de mesurer la pollution lumineuse dans l'atmosphère et même la haute atmosphère, avec celle qui nous concerne - dont les espèces vivantes - et qui elle se passe au sol.
Est-ce qu'on a mesuré l'impact sur la biodiversité en France ?
Non. Pas du tout. Pour dire les choses, il n'y a même pas un objectif chiffré pour dire 'voilà dans les cinq ans, les 10 ans, les 20 ans, on se donne un objectif de réduction de la quantité de lumière émise et ce tous impacts confondus'. En ce qui concerne la biodiversité, on a alerté pendant des années de l'impact sur les espèces. On avait face à nous un grand nombre d'acteurs qui nous disaient que tout cela n'existait pas et qu'il fallait leur prouver. Or, depuis des années il y a des études scientifiques qui montrent les impacts multiples qu'a la lumière artificielle sur tous les groupes d'espèces : des oiseaux en passant par les insectes, les reptiles, les amphibiens, le plancton, etc. Les effets sont différents par types d'espèces et par types de lumières mais ils existent. Ça peut impacter leur développement, leur migration, leur capacité à se reproduire, à se nourrir, etc. Et donc au final leur capacité de survie.
Est-ce que la limitation, l'interdiction en France pour les enseignes d'allumer la nuit va dans le bon sens ?
Oui. Mais là aussi tout le monde a l'air de découvrir un peu les choses. La prescription que nous faisons depuis des années de limiter à certaines heures de la nuit l'éclairage public - pas que les enseignes - là où il n'y a pas un véritable besoin, a déjà été adoptée dans plus de 12 000 communes en France. Cette tendance elle est donc installée depuis bien avant la crise de l'énergie. Toutefois, cette crise est un levier supplémentaire. Pour les commerçants, la limitation des horaires d'éclairage pour les vitrines, les enseignes ou certaines publicités lumineuses, n'a quasiment jamais été appliquée alors que la réglementation a déjà 10 ans. On fait un travail de plaidoyer depuis plus de 20 ans et on a obtenu quatre lois et plusieurs recommandations simplement pour faire reconnaître que la pollution lumineuse a des impacts négatifs sur tout un ensemble de critères et pas que l'énergie ou la biodiversité. Il y a tout de même des progrès sur le terrain, on les constate mais ils sont très hétérogènes alors qu'on pourrait être en tête de liste pour être exemplaires et montrer la voie.
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