Reportage "C'est clair qu'il y a une tension" : éleveurs et défenseurs de la biodiversité sont irréconciliables sur la question de la protection du loup

La convention de Berne vient d'approuver le déclassement de la protection du loup, jusqu'ici au plus haut niveau.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié
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Un loup (photo d'illustration), le 2 février 2023. (PHILIPPE GREILLER / MAXPPP)

Le loup un peu moins protégé. La convention de Berne approuve, mardi 3 décembre, le déclassement de la protection du loup. Le statut de protection du prédateur, aujourd'hui au plus haut niveau, a été abaissé, avec le soutien de l'Union européenne. Cela ouvre la voie à la possibilité de chasser l’animal. Les éleveurs se félicitent quand les défenseurs de la biodiversité s’indignent : deux camps qui semblent irréconciliables. Le dialogue est par exemple rompu en Haute-Saône, à Mélecey, près de Vesoul.

Les brebis de Patrice Brie passent désormais toute leur nuit dans la bergerie. Trop dangereux de rester dehors après deux attaques de loups : 19 animaux tués et un éleveur très éprouvé. "C'est un massacre, c'est quelque chose d'inimaginable. Il y en a qui étaient encore en vie et n'avaient plus de pis. Elles étaient mangées jusqu'à l'os. Les nuits après la première attaque, toutes les nuits tu te lèves puis tu vas voir ce qu'il se passe. Ce n'est pas une vie", déplore-t-il. 

"Qu'ils aillent les voir dans les zoos"

L'éleveur se prononce pour priver le loup du plus haut statut d’espèce protégée. Il ne croit pas un instant à une cohabitation avec le prédateur : "C'est impossible, je ne vois pas comment on peut faire." Quant au dialogue avec les défenseurs du loup : "C'est clair qu'il y a une tension. Les gens qui veulent voir des loups, qu'ils aillent les voir dans les zoos. Sa place est là, pas à massacrer nos animaux. Quand on a des attaques comme on a, il va falloir faire justice soit même." Message relayé, il y a quelques semaines, par le président de la chambre d’agriculture en personne. Un appel à "taper du loup et sortir armé".

Dans l'autre camp, celui des défenseurs de la biodiversité, c'est l'indignation. "Ça va beaucoup trop loin. Maintenant, on parle de tuer le loup donc c'est l'exterminer complètement, c'est ridicule", estime Jean-Claude Odille, de l’association Feruss. Chez lui : photo de loup au mur, petite statuette de l’animal sur la cheminée... Cela fait plus de 10 ans qu’il tente de réconcilier le monde agricole avec le prédateur : "C'est très difficile quand je rencontre un éleveur et celui-ci me dit tout de suite : 'Oh bah, vous êtes un écolo-bobo, vous n'y connaissez rien donc, dégagez.' Vous en avez d'autres qui écoutent et là, c'est formidable."

"Le loup est revenu en France et y restera"

Mais il n'existe pas de solution miracle, seulement quelques conseils aux éleveurs : "La première chose, c'est de se protéger du loup avec une certaine hauteur de clôture, donc au minimum 1,40m. Mais il faut bien se mettre en tête que le loup est revenu en France et qu'il y restera." Jean-Claude Odille est optimiste, malgré l’inquiétude. "J’ai peur pour le loup", souffle-t-il après la révision du statut de protection des pays signataire de la convention de Berne.

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