Reportage Pêche interdite dans le golfe de Gascogne : comment Drix, le drone sous-marin, tente de percer les raisons des captures accidentelles de dauphins

Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
C'est la deuxième fois que les équipes de l’ifremer utilisent ce drone Drix dans le golfe de Gascogne. (STEPHANE LESBATS / IFREMER)
Alors que les chalutiers du golfe de Gascogne étaient à l'arrêt forcé depuis un mois, les scientifiques de l'Ifremer se sont aidés d'un drone, la semaine dernière, pour observer le déplacement des dauphins dans les fonds marins.

Cela faisait près d’un mois qu’ils n’avaient plus le droit de pêcher : les chalutiers du golfe de Gascogne vont pouvoir reprendre la mer. L’interdiction de pêche qui frappait 450 navires, depuis le 22 janvier, est levée, mardi 20 février.

Cette mesure inédite, imposée par le Conseil d’Etat, était destinée à protéger les dauphins, capturés accidentellement dans les filets, le long des côtes atlantiques. Elle doit être renouvelée l’année prochaine. En attendant, les scientifiques tentent de comprendre pourquoi autant de dauphins se prennent dans les filets et comment y remédier. Parmi leurs outils, il y a Drix, un drone marin qui a terminé, dimanche 18 février, une semaine d’observation en pleine mer.

"Détecter les émissions sonores des dauphins"

Amarré parmi les voiliers de Noirmoutier, en Vendée, il détonne avec son apparence de sous-marin rouge, long de huit mètres et bardé de capteurs essentiels pour des scientifiques, comme Mathieu Doray : "Les capteurs sont situés dans la quille qui est à deux mètres de profondeur. On a un hydrophone qui permet de détecter les émissions sonores des dauphins communs. Et un échosondeur, c'est un genre de sonar qui permet de détecter les proies comme les sardines, les anchois, les maquereaux etc..."

Amarré parmi les voiliers de Noirmoutier, Drix détonne avec son apparence de sous-marin rouge, long de huit mètres et bardé de capteurs essentiels pour des scientifiques. (STEPHANE LESBATS / IFREMER)

Pendant une semaine, ces instruments ont scruté les profondeurs entre Royan et Noirmoutier. Une zone ou les captures accidentelles de dauphins sont les plus importantes : "On a eu un petit coup de vent au large, une forte houle, 3,50 mètres, et le drone s'en est très bien sorti." Et quand Drix est en pleine mer, le chercheur de l’Ifremer, lui, est bien au chaud dans son bureau à Nantes. Avec un mystère à résoudre : pourquoi depuis 2016, les captures augmentent autant, pour atteindre jusqu'a 10 000 l'année dernière ? "Une des hypothèses, explique Mathieu Doray, c'est que les dauphins se seraient rapprochés des côtes du golfe de Gascogne, parce qu'il y aurait plus de proies intéressantes pour eux, typiquement des anchois."

"Des proies très proches du fond"

Pour vérifier cette hypothèse, les scientifiques analysent des enregistrements : "Ce qu'on a observé à certains moments en hiver et qui était vraiment nouveau, c'est une espèce de tapis très dense de poissons qui nous laisse supposer que les captures accidentelles de dauphins pourraient être dues à la présence de proies très proches du fond."

"Au lieu de fermer tout le golfe de Gascogne, essayons de cibler des zones où le risque est le plus important"

Mathieu Doray

à franceinfo

Autant d’informations qui pourraient permettre d'adapter les interdictions de pêche : "On pourrait fermer ces zones plus longtemps, pour vraiment limiter les risques, tout en laissant d'autres zones ouvertes. C'est tout l'enjeu des recherches qu'on est en train de mener en ce moment", précise le chercheur.

Reste maintenant aux scientifiques d'évaluer le nombre de dauphins qui ont pu être sauvés grâce à cette première mesure d'interdiction. Le projet de recherche baptisé Delmoges doit se poursuivre encore un an.

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