Reportage "Si on s'en occupe, on protège toutes les espèces qui sont autour" : à Marseille, une association prend soin des gorgones, une espèce de coraux

À Marseille, l'association Septentrion organise une mission de deux semaines pour plonger et étudier les gorgones, une espèce de coraux, en mer Méditerranée.
Article rédigé par franceinfo - Victor Costa-Mousnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un membre de l'association Septentrion mesure une gorgone (SEPTENTRION ENVIRONNEMENT)

On les appelle "les gorgones" : ces sortes de grands coraux constituent les forêts des fonds marins de la Côte d'Azur. L'association Septentrion à Marseille, tournée vers la recherche et la formation en biologie marine, étudie ces étranges végétaux marins. Les plus proches de la surface de la mer ont été décimées il y a deux ans lors de la canicule sous-marine qui a touché la Méditerranée.

Depuis la semaine du 8 juillet et jusqu'à vendredi 19 juillet, en collaboration avec l'Ifremer mais aussi le Parc marin de la Côte bleue et l'Office français de la biodiversité, les membres de Septentrion plongent donc à plusieurs dizaines de mettre de profondeur pour étudier, photographier et répertorier ces gorgones avec l'objectif de les protéger. Franceinfo était à bord d'un des bateaux de l'association.

Une "forêt animale"

Au départ de la Pointe rouge, il faut quelques dizaines de minutes de bateau pour rejoindre les Catchoffs, cette zone de 1 700 hectares au large de Marseille quelque part entre Carry-le-Rouet et les Îles du Frioul. Ce jour-là, ce sont Olivier et Quentin, salariés de Septentrion et spécialistes des gorgones, qui plongent.

"On est un peu au milieu de nulle part, décrivent-ils. C'est assez paradoxal, parce qu'on est au-dessus de fonds plats alors que généralement on va trouver les gorgones le long de tombants. Mais sur ces fonds plats entourés de sables, on a des affleurements, des roches qui émergent. Et sur ces roches, on trouve des gorgones d'une taille assez incroyable !"

Deux plongeurs de l'association Septentrion (SEPTENTRION ENVIRONNEMENT)

Certaines atteignent même 1 mètre 20, ce qui est rare. À l'échelle de la Méditerranée, on peut les comparer à des arbres. À la barre, Tristan garde un œil sur les plongeurs. Le biologiste parle même de forêts animales. "Elle apporte le gîte et le couvert à de nombreuses espèces, explique-t-il. On parle de forêt animale parce que ces gorgones ont vraiment les mêmes fonctions écologiques que les arbres dans une forêt. Elles créent un microclimat en freinant un peu les courants, en créant des courants spécifiques sous elles et en faisant de l'ombre."

"Elles vont aussi apporter un lieu de ponte, de repos ou de reproduction pour des espèces de poissons, des langoustes, certaines espèces de crevettes, de mollusques, les chapons, très réputés pour la bouillabaisse à Marseille notamment, et même des espèces de requins."

Tristan, biologiste pour l'association Septentrion

franceinfo

Une "espèce parapluie"

Les gorgones ne sont pas à proprement parler menacées mais elles restent tout de même une espèce à protéger. "On ne pourra pas arrêter demain le changement climatique, reconnaît Tristan. En revanche, on peut arrêter les pressions humaines qu'on applique à ces populations de gorgones : limiter la pêche, limiter la plongée qui impacte les gorgones à cause des coups de palme notamment, ou encore limiter les ancrages. Les gorgones sont une sorte d'espèce parapluie : si on la protège, on protège toutes les espèces qui sont autour."

Un plongeur de l'association Septentrion prend les mesures d'un corail gorgone (SEPTENTRION ENVIRONNEMENT)

L'équipe de l'association Septentrion poursuit ses plongées cet été et à l'automne, avant que le mistral et l'hiver ne rendent les conditions d'exploration trop difficile. Le projet s'arrête définitivement au 31 décembre. Mais Tristan espère que d'autres missions auront lieu pour continuer de sensibiliser et d'alerter sur la protection des gorgones.

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