: Vidéo Traité pour protéger la mer : "Il n'y a pas de régulation, il faut une sévérité", alerte le navigateur Jean-Louis Etienne
Des discussions sont ouvertes depuis deux semaines à l'ONU pour tenter d'encadrer l'exploitation des eaux internationales. Pour Jean-Louis Etienne, il y a urgence.
"Il n'y a pas de régulation, il faut une sévérité", a alerté vendredi 26 août sur franceinfo le navigateur Jean-Louis Etienne qui se définit comme un "entrepreneur d’expédition lointaine". Après 15 ans de discussions informelles, des négociations se sont ouvertes il y a deux semaines aux Nations unies afin de trouver un accord pour mieux protéger les océans. L'objectif est d'aboutir à un traité contraignant pour préserver la biodiversité et mieux encadrer l'exploitation dans les eaux internationales.
franceinfo : Pourquoi est-il urgent de protéger la haute mer ?
Jean-Louis Etienne : Il est urgent de s'en occuper depuis longtemps. Ce qui se passe est un pas supplémentaire. L'océan souffre du réchauffement climatique, de la pollution et de la surpêche. Ce sont trois éléments sur lesquels on peut agir. La surpêche est un problème car toutes les zones qui sont au-delà des zones côtières sont ouvertes et il y a une surpêche. Les bateaux chinois qui sont des grands containers transformés en congélateurs contractent avec des pêcheurs locaux qui leur amènent le poisson qu'ils vendent dans les eaux internationales et ces grands congélateurs partent en Chine. Il n'y a pas de régulation. Le calmar, par exemple, est souvent pêché la nuit et on s'en rend compte avec les satellites qui permettent de suivre ces bateaux pirates.
Quel impact a le réchauffement climatique ?
Merci à l'océan de réguler le climat. La surface océanique absorbe 93% de notre excès de chaleur et, en plus, c'est un puits de carbone. Le CO2 est capté par l'océan de deux manières. D'une part, par les herbes planctoniques. Il se dissout aussi dans l'eau. C'est un élément important de la régulation. Ce dont souffre l'océan, c'est de cette dilatation et de la fonte des calottes polaires et des glaciers, qui amènent de l'eau à la mer et le niveau monte. La pollution, c'est une chose sur laquelle nous, citoyens, on peut agir. Ce qui pollue l'océan c'est la Terre. Tout cela se fait par les fleuves qu'on a considérés comme de grands égouts.
Vous avez constaté l'évolution de la pollution ?
J'ai fait une expédition à Clipperton, un petit îlot français de 2 kilomètres sur 3 dans le Pacifique où il n'y a pas un habitant. On est à trois jours de mer des côtes mexicaines. Quand vous arrivez à Clipperton, vous marchez sur le plastique. J'ai des images. C'est l'illustration d'un non-respect total. Chaque citoyen est un acteur de cette pollution. Au large des côtes du Groenland, la mer est transparente, magnifique, mais dans cette eau il y des pesticides, des métaux lourds qui viennent des grands fleuves qui traversent la Russie.
Quelle est la responsabilité des Etats ? Est-ce qu'il y a des enjeux économiques ?
Oui, il y a des enjeux économiques qui sont derrière. C'est une immensité difficile à surveiller, les satellites font beaucoup de boulot. On peut contrôler la pêche quand les bateaux arrivent à terre. L'océan a des ressources médicamenteuses, génétiques, que l'on commence à explorer. Il y a du vent et les éoliennes sont efficaces. Le transport maritime se développe en mettant plus de voiles. Donc, il y a une ressource qu'il faut protéger. Il faut une sévérité. La France est assez remarquable parce qu'il y a 33% des zones autour qui sont des aires marines protégées. On pousse de plus en plus pour qu'il y ait des aires maritimes où on ne va pas pêcher.
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