Bure : prochain épicentre de la contestation anti-capitaliste
Des campements de fortune fleurissent en ce moment autour de Bure dans la Meuse. Des opposants au projet Cigéo de centre d'enfouissement des déchets nuclaires se sont installés devant le laboratoire de l'Andra (agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires) il y a quelques jours.
Pas encore de Zad comme à Notre Dame des Landes, mais 3 camps distincts qui se regrouperont pendant 10 jours début août.
Nous venons des contre-sommets, des campements Action Climat, des villages No Border, des luttes à Notre-Dame-des-Landes, au Val de Suse ou à Sivens, des luttes anti-nucléaires comme à Valognes, Montabot ou Bure, des luttes sociales, féministes et anti-autoritaires...
Angeline Demuynck est allée à leur rencontre.
Feu vert à l'enfouissement des déchets
Les activistes s'inquiètent d'un amendement de la loi Macron adopté il y a dix jours qui entérine le principe d'une phase pilote du projet à partir de 2025. L’enfouissement des déchets va donc pouvoir être testé. Le programme de recherche en cours a démarré en 1991, un laboratoire souterrain à près de 500 mètres de profondeur a été construit dans les années 2000.
Angeline Demuynck a pu visiter ce fameux laboratoire destiné à tester et à trouver les meilleures solutions d'enfouissement.
Pourquoi enfouir les déchets ?
Marc-Antoine Martin, responsable de la communication de l’ANDRA (l’Agence Nationale pour la gestion des déchets nucléaires) estime que les déchets radioactifs sont plus dangereux en surface que sous terre.
Le feu vert à l’enfouissement divise le gouvernement...
Le feu vert donné à l’enfouissement des déchets nucléaires à partir de 2025 sème la discorde au sein du gouvernement. Ce principe a été acté lors du vote de la loi Macron. Le gouvernement a accepté un amendement déposé par le sénateur mosellan Républicain, Gérard Longuet, permettant au projet Cigéo piloté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra), d’accueillir les déchets les plus radioactifs (3% du total des déchets nucléaires) ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue.
La ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Ségolène Royal, s'est déclarée "à titre personnel ", défavorable à l'enfouissement des déchets nucléaires. Elle dit avoir veillé à ce que "ce principe soit réversible, au cas où les technologies évoluent ".
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A l’opposé, le Premier ministre Manuel Valls a défendu l’amendement des Républicains.
"Nous avons considéré à la fin de ce débat qu'il fallait trancher, parce que c'était un enjeu d'intérêt national, avec des enjeux industriels et écologiques majeurs".
... et ulcère les écologistes
Les 28 parlementaires écologistes ont écrit au président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, pour lui demander de censurer les dispositions sur le projet d'enfouissement de déchets radioactifs.
Un courrier de 13 pages dans lequel ils font valoir 8 arguments sur le non-respect de la Constitution. Parmi eux, l'article qui entérine cet enfouissement est un "cavalier législatif" c'est à dire qu'il est sans rapport avec l'objet et les mesures du projet de loi Macron. Autre argument, le manque de débat.
L'Assemblée nationale n'a jamais eu l'opportunité de débattre, ligne par ligne, des dispositions contenues dans cet amendement, écrivent les écologistes
La loi Macron a en effet été adopté avec la procédure du 49-3 ce qui n'a pas permis le débat sur cet article, comme s'en émeut le député EELV Denis Baupin.
Pourquoi pas un véritable débat parlementaire comme prévu ? #nucléaire et démocratie incompatible ? #CIGEO https://t.co/uAfzG1jDZY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) July 13, 2015
L'introduction de cet amendement n'avait rien d'une surprise. C'est la 14ème fois en 18 mois que le gouvernement ou des parlementaires tentaient d'introduire un amendement permettant à Cigéo de passer à une nouvelle phase du projet.
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