"C’est absolument scandaleux !" : des amarrages pour yachts en Corse financés par le "fonds vert" du gouvernement provoquent la colère d'associations de protection de la nature
Utiliser le "fonds vert" du gouvernement pour installer des bouées d’amarrage pour les yachts géants dans le golfe d’Ajaccio, Michelle Salotti n'en revient toujours pas. "C’est complètement anormal d’utiliser un fonds de transition écologique pour des opérations qui sont anti-écologiques", s’insurge cette membre de U Levante, une association corse de protection de la nature.
Doté de deux milliards d'euros, le "fonds vert", créé l'été dernier, est censé financer des projets dans les domaines de la performance environnementale, de l'adaptation du territoire au changement climatique et de l'amélioration du cadre de vie. Les 150 premiers lauréats de ce fonds ont été présentés lundi 3 avril par la Première ministre Élisabeth Borne.
"Ces bateaux polluent énormément, ils consomment énormément de fioul", ne décolère pas Michelle Salotti. "Utiliser des fonds publics pour ces bateaux, c’est absolument scandaleux !", dénonce la militante.
Préserver la biodiversité
Selon le ministère de la Transition écologique, ces zones d'amarrage sont construites afin d'éviter que les yachts aillent poser leurs ancres un peu partout, ce qui détruit les champs d'herbiers de posidonie. "Actuellement, les ports insulaires corses, insuffisamment équipés, sont dans l'incapacité de répondre à la fréquentation croissante des navires de la grande plaisance (plus de 24 mètres)", fait valoir le ministère dans un communiqué lundi soir.
Une position également défendue par Agnès Pannier-Runacher mercredi 5 avril sur franceinfo. La ministre de la Transition énergétique, tout en rappelant que ce n'est pas le dossier de son ministère, assure que cela "sert à préserver la biodiversité des eaux Corses", en particulier la posidonie.
C'est ainsi que l'État justifie l’investissement de 521 000 euros pour ce projet de deux coffres d'amarrage, éco-conçus dans le golfe d'Ajaccio et porté par la chambre de commerce et d'industrie de l'île. Au total, il coûtera 664 000 euros. Ces deux coffres doivent permettre aux yachts de s'amarrer sans jeter l'ancre, préservant ainsi "un hectare d'herbiers de posidonies", selon le ministère de la Transition écologique, une surface qui peut "capter autant de CO2 que 15 hectares de forêt tropicale", selon un rapport de l'Unesco de mars 2021, fait-il valoir.
"Dans la situation de précarité dans laquelle est la population corse, parce qu’on est quand même la région la plus pauvre de France, donner de l’argent pour favoriser des gens très aisés, c’est incroyable."
Michelle Salotti, milliante de U Levanteà franceinfo
Les deux zones de mouillage seront, de plus, exclusivement réservées aux palaces flottants. Baignade et petits bateaux seront interdits autour. Bref de quoi provoquer beaucoup de colère en Corse.
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