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Camping sauvage, occupations, yoga... Quelles sont les techniques militantes d’Extinction Rebellion pour marquer les esprits ?

Ces militants écologistes ont entamé, samedi, une série d'actions spectaculaires dans plusieurs pays occidentaux pour dénoncer l'inaction "criminelle" des gouvernements face à la crise climatique.

Article rédigé par franceinfo
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Des militants du mouvement Extinction Rebellion sont installés place du Châtelet à Paris, le 7 octobre 2019. (KARINE PIERRE / HANS LUCAS/AFP)

Un petit air de 1968 ? A Paris, Londres, New York ou Sydney, les militants écologistes d'Extinction Rebellion ont entamé, samedi 5 octobre, une semaine d'actions coups de poing pour dénoncer l'inaction, jugée "criminelle", des gouvernements face au dérèglement climatique.

Né en 2018 au Royaume-Uni, ce mouvement, qui prône la désobéissance civile, entend frapper les esprits par son mode d'action. En utilisant des méthodes aussi diverses qu'efficaces. 

Le camping sauvage en centre-ville

Des tentes installées en un clin d'œil, avec une visibilité revendiquée. Les militants pratiquent volontiers le camping sauvage, si possible dans un endroit très central. Cette méthode a été appliquée place du Châtelet, en plein Paris, dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 octobre. "Au cœur de la nuit, nous étions 200 à 300. L'objectif est toujours de rester le plus longtemps possible", a expliqué à l'AFP Vincent, 27 ans, membre du mouvement depuis juin et vêtu du gilet orange du mouvement comme tous les "anges gardiens" de l'opération (ce qu'on appellerait ailleurs service d'ordre). 

Le blocage des grands axes de circulation

Plus généralement, les militants privilégient les blocages sur des places ou des axes centraux pour une gêne maximale et une meilleure médiatisation. Lundi et mardi, ces écologistes ont ainsi bloqué la place Potsdam, une des plus grandes de Berlin.

Toujours à Berlin, ils ont aussi manifesté au carrefour où s'élève la colonne de la Victoire. Parmi eux, une recrue de choix qui a fait la une de la presse : Carola Rackete, la jeune capitaine du Sea-Watch 3, qui a été poursuivie en juillet en Italie après avoir accosté de force pour faire débarquer des migrants à Lampedusa. Dans cette vidéo, elle dénonce le "gouvernement fédéral allemand", qui ne "fait rien contre la crise climatique".

A Londres, des centaines de manifestants ont entrepris lundi de bloquer Westminster, où sont concentrés les lieux de pouvoir. Au risque de braquer les gens qui travaillent. Bloqué au volant de son taxi non loin d'un Trafalgar Square paralysé, Dave Chandler, 54 ans, cité par l'AFP, estimait que les manifestants étaient "en train de retourner les gens contre eux". Selon lui, les protestataires feraient mieux de s'en prendre aux "gros". A savoir les industriels les plus polluants.

Yoga ou massage pour distraire le public

Toujours pour susciter la curiosité, et peut-être aussi détendre les personnes immobilisées par leurs actions, les militants d'Extinction Rebellion pratiquent dans les rues bloquées des activités ludiques. A Westminster, certains ont déroulé, lundi, leur tapis de yoga. Joanna Macy, l'autrice américaine qui influence les activités d'Extinction Rebellion, "s'inspire des théories du bouddhisme pour développer un nouveau rapport à soi, aux autres et à la Terre dans le but de mieux protéger la planète", explique France Inter. Le yoga s'intègre dans cette philosophie générale.

Des occupations de centres commerciaux pour dénoncer le consumérisme

Mais les places et rues ne sont pas les seules cibles du mouvement. Sont également dans le viseur les emblèmes d'une surconsommation qui nuit à la planète. Samedi à Paris, les militants ont mené une spectaculaire occupation dans un centre commercial pour "dénoncer ce qui nous détruit". Des centaines de membres d'Extinction Rebellion, mais aussi de mouvements sympathisants (Youth for Climate, Cerveau non disponible, Radiaction…) ont investi le centre Italie Deux, dans le sud-est de Paris, présenté comme un "symbole du capitalisme" avec ses 130 boutiques et restaurants.

"Travaille, consomme et ferme ta gueule", "A-ha anticapitaliste", pouvait-on entendre notamment parmi les slogans des manifestants, ou encore "Et un et deux et trois degrés, c'est un crime contre l'humanité". Equipés de baudriers, les militants ont aussi hissé sur la grande verrière de l'entrée plusieurs banderoles proclamant : "Détruisons les palais du pouvoir. Construisons les maisons du peuple" et "La nature n'est pas à vendre. Ecologie sociale et populaire".

La désobéissance civile pour ligne de conduite

C'est la ligne directrice dont se réclame le mouvement : la désobéissance civile, dont l'Indien Gandhi ou encore l'Américain Martin Luther King furent des théoriciens pour réclamer respectivement l'indépendance de l'Inde et l'égalité des droits pour les Afro-Américains.

A Londres, où les actions menées par Extinction Rebellion ont conduit à plus de 700 arrestations en quelques jours, Scotland Yard souligne un fait "inhabituel" : "La volonté des participants d'être arrêtés et leur manque de résistance aux arrestations." Ce comportement illustre la non-violence revendiquée du groupe.

A l'inverse, les images des violences policières utilisées à leur encontre servent leur propos. A Paris, alors qu'ils occupaient le pont de Sully, le 28 juin 2019, des membres de l'organisation avaient été délogés par les forces de l'ordre avec notamment l'utilisation à bout portant de gaz lacrymogène. 

Les images avaient suscité l'indignation. Y compris de stars internationales comme Marion Cotillard. Sur Instagram, l'actrice avait dénoncé des "images insoutenables".

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Cher gouvernement français pouvez vous m’expliquer ces images? #insoutenables . Des activistes français et des étudiants en grève se font asperger de gaz lacrymogène alors qu’ils protestent pacifiquement , à Paris, contre une situation climatique désastreuse et trop ignorée. #repost @gretathunberg ・・・ Today peaceful French climate activists and school strikers in Paris were sprayed with teargas. The same day, it was 45,9° in France in JUNE. It shattered the old record of 44,1° (which was set in August 2003). This is not “the new normal”. This is only the beginning of #ClimateBreakdown and #ClimateEmergency . Watch the video and ask yourself; who is defending who? #fridaysforfuture #schoolstrike4climate #climatestrike #youthforclimate #extinctionrebellion PS. They are now outside the Elysée if you want to join them.

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