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Climat : "Un enjeu de solidarité presque universel" (Hulot)

Les dirigeants du monde entier convergent vers New York où se déroule un sommet sur le climat mardi. Hier, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de 150 pays pour soutenir le passage aux énergies renouvelables. Invité de France Info, Nicolas Hulot revient sur les enjeux et sur la mobilisation en France.
Article rédigé par Cécile Mimaut
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (La Marche pour le climat a rassemblé dimanche à Paris entre 5 et 10.000 personnes selon les sources, contre 300.000 à New York © Radio France / Sophie Delpont)

Au lendemain des manifestations mondiales pour une prise de conscience sur le climat, et à la veille d’une conférence internationale qui rassemblera 120 chefs d’Etat mardi au siège de l’ONU à New York, Nicolas Hulot regrette la faible mobilisation en France, même s’il la comprend. "Hier on n’aurait pas dû 5 ou 10.000 à Paris, on aurait dû être 150.000 ", regrette l'ancien animateur de télévision et représentant spécial de François Hollande pour la lutte contre le réchauffement climatique.

"Quand les gens sont en difficulté, sur des souffrances qui ne sont pas forcément immédiatement palpables et qui peuvent sembler pour certains loin dans le temps ou loin dans l’espace, c’est vrai qu’on ne descend pas spontanément (dans la rue) pour protéger la planète. Mais ce n’est pas la planète qu’il faut protéger, c’est simplement éviter que l’on spolie l’avenir de nos enfants ", explique-t-il. "Je ne veux culpabiliser personne, mais on a tous quand même une petite conscience de parents ", poursuit-il.

Une opportunité économique

"Dans les énergies renouvelables, les technologies ont fait des bons prodigieux, les coûts vont baisser ", assure Nicolas Hulot, qui évoque la perspective d’une indépendance énergétique. "Le premier facteur de compétitivité économique dans nos entreprises, c’est l’efficacité énergétique. Et la France, dans ce domaine-là, est leader ", poursuit-il.

Ce potentiel d’innovation se heurte toutefois "à un incroyable mur de conformisme ou de scepticisme, notamment de la part  des investisseurs ", déplore Nicolas Hulot, qui appelle à "s’ouvrir au changement ". D’autant plus, qu’il y a de l’emploi non délocalisable à la clé. "On importe entre 60 et 70 milliards d’euros d’énergie fossile . Il vaudrait mieux mettre cet argent à l’intérieur de l’Europe et de la France pour créer des emplois non délocalisables ", explique-t-il.

"Quand on a besoin de sauver les banques, on trouve l’argent "

"L’argent, on en a besoin mais on peut le trouver ", affirme Nicolas Hulot. "Il y a 650 milliards de dollars chaque année qui sont donnés comme subventions aux énergies fossiles et on a besoin, notamment pour aider les pays du Sud à s’adapter, de 100 milliards de dollars. C’est une question de définir des priorités ", explique-t-il. Et d’ajouter que "quand on a besoin de sauver les banques, on trouve l’argent ".

Un enjeu de solidarité presque universel

"Oui, la situation est grave. Si pour l’instant chez nous ce n’est pas évident, on voit bien qu’il y a une multiplication des évènements climatiques qui pèse déjà très lourdement, y compris sur nos économies" , explique Nicolas Hulot. "Les changements climatiques déplacent chaque année 22 millions de personnes dans le monde, trois fois plus que les conflits, et tue des centaines de milliers de personnes. Donc, c’est aussi un enjeu de solidarité, je dirais presque universel ", poursuit-il.  Nicolas Hulot qui appelle une fois plus les responsables politiques à être "imaginatifs " sur ce sujet là;

"Cette comédie du pouvoir est tragique "

On est en campagne en France, cela n’aura échappé à personne, et surtout pas à Nicolas Hulot : "C’est tragique, parce que cet espèce de théâtre des apparences, de comédie du pouvoir, ce show permanent détourne l’attention des sujets de fond. Il y a un moment pour le débat politique et pour ça il y a des échéances politiques mais là, on devrait avoir un moment d’union nationale pour nous rassembler, pour créer une intelligence collective sur tous ces sujets là… et on en est incapable. "

"Quand on a besoin de sauver les banques, on trouve l'argent" Nicolas Hulot invité de France Info

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