Comment fonctionne WAG, l'appli qui transforme les gestes du quotidien en défis pour sauver la planète ?
Manger des fruits et légumes de saison, faire tourner sa machine à laver à 30 degrés, éteindre les appareils en veille pendant la journée, passer un Noël plus responsable... L'application propose d'agir pour la protection de l'environnement grâce à 500 défis.
Menaces sur la biodivesité, événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents... En octobre, les experts du Giec ont tiré le signal d'alarme une nouvelle fois pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Mais une fois le constat dressé, que faire quand on est un simple citoyen ? L'application WAG (We Act For Good), lancée début novembre par l'ONG internationale de protection de l'environnement WWF, propose d'agir à son niveau. Le principe : relever des défis pour transformer ses gestes du quotidien en comportements éco-responsables. Il ne s'agit pas juste de trier ses déchets ou d'éteindre la lumière quand on quitte une pièce, mais aussi, par exemple, de changer sa façon de faire ses courses de Noël. Voici comment fonctionne l'application.
D'où vient l'idée ?
"La fonte des glaciers, la montée des eaux, les pics de chaleur accompagnés parfois de pics de pollution... Aujourd'hui, la majorité des Français a conscience du dérèglement climatique, explique à franceinfo Pascal Canfin, directeur général de WWF. Alerter, c'est déjà fait. Aujourd'hui, la demande numéro 1, c'est 'Aidez-nous à changer."'
L'ONG a alors réfléchi à une application, WAG, qui permette à chacun de passer à l'action, en partenariat avec l'Ademe (l'Agence pour la maîtrise de l'environnement), La Poste et la Maif.
Quel est l'objectif ?
WWF compte faire de cette application "une arme de transition massive". "L'idée est d'additionner les services rendus individuellement et la force du collectif", assure Pascal Canfin. A la mi-janvier, soit deux mois après le lancement, l'application a été téléchargée 220 000 fois. WWF se fixe, à moyen terme, l'objectif d'un million de téléchargements.
"On agrège à la fois la communauté de ceux qui sont dans l'action et qui peuvent servir d'ambassadeurs, et ceux qui ont l'intention d'agir mais qui n'y arrivent pas", expose Pascal Canfin.
Comment ça marche ?
- Choisir sa catégorie. L'application, disponible gratuitement sur l'App Store et sur Google Play, propose 500 défis classés en cinq catégories. "Bien manger", où l'on apprend par exemple à faire l'inventaire dans son frigo, "Vers le zéro déchet", qui se penche sur le tri, "Se déplacer", "Optimiser l'énergie" et "Do it yourself" qui propose entre autres des recettes pour fabriquer ses produits cosmétiques maison.
- Repérer ses gestes écoresponsables. Avant de se lancer dans un nouveau défi, on peut déjà regarder ses petits gestes réalisés au quotidien et ainsi obtenir ses premiers points. Ainsi, en parcourant la catégorie "zéro déchet", je choisis la sous-catégorie "Donner plutôt que jeter". Et dans les défis proposés, j'observe que je peux déjà cocher la case "Trouver un point de collecte près de chez soi (vêtements, livres, jouets...)", car je dépose régulièrement des vêtements à un point relais à proximité de mon domicile. Résultat : 110 points collectés. Je peux maintenant m'attaquer à un nouveau défi.
- Lancer un défi. Dans la catégorie "Do it yourself" cette fois, puis la sous-catégorie "cosmétiques", on peut sélectionner "Fabriquer son premier produit beauté". Pour passer à l'action, j'opte pour le tutoriel "la recette du déo en pot" où une liste d'ingrédients est indiquée. La fabrication est simple, hormis certains ingrédients qui doivent être achetés dans une boutique bio, et plutôt rapide car il suffit de cinq minutes pour obtenir un déodorant satisfaisant.
- Partager son expérience. Une fois mon défi relevé, je peux partager mes points sur les réseaux sociaux et inviter des amis à rejoindre l'application. Et passer à un nouveau défi. "On vient d'emménager à Marseille. Comme on a un bout de jardin, j'ai choisi le défi 'Faire son petit potager et son composteur'", rapporte à franceinfo Florence, une Marseillaise de 37 ans utilisatrice de l'application.
Nathalie a choisi, elle, de se concentrer sur la catégorie "bien manger". "Je m'étais toujours dit qu'il fallait que je fasse attention aux légumes de saison, mais je ne le faisais pas vraiment. Depuis que j'ai installé l'application, j'ai accroché chez moi le tableau des légumes et fruits de saison qui m'était proposé et j'ai fait mes courses en fonction", raconte à franceinfo cette habitante des Yvelines de 36 ans.
D'ailleurs, toute la famille s'y est mise. Avec ses enfants de 6 et 9 ans, ils ont relevé le défi d'éteindre les lumières des pièces où il n'y a personne. Son mari s'est lancé le défi d'"identifier les appareils qui consomment le plus dans son logement". Chaque défi est par ailleurs accompagné d'un texte explicatif.
- Participer au quiz du jour. Chaque jour, à 12h45, l'application propose un quiz sous la forme d'un vrai/faux. Exemple : "Les signes 'Elu produit de l'année' ou 'Saveurs de l'année' sont des labels de qualité". Après avoir répondu, WAG propose une série d'actions pour aller plus loin sur le sujet, comme télécharger le guide édité par WWF pour apprendre à choisir son poisson ou encore télécharger l'application Yuka, qui permet de scanner les produits achetés en supermarché.
- Partager ses bons plans. L'application WAG est aussi collaborative. Je peux proposer l'adresse d'un restaurant bio ou d'un lieu de vente directe entre consommateurs et producteurs. L'adresse est ensuite vérifiée par des "super users", bénévoles à WWF, et participe à renseigner la carte interactive, accessible sans passer par les défis, qui recense aujourd'hui 36 000 adresses sur toute la France.
On trouve aussi en accès rapide une liste des événements organisés près de chez soi, comme un atelier cosmétiques naturels à Marmande (Lot-et-Garonne), un ciné-débat "zéro déchets" à Houilles (Yvelines), ou encore un cours gratuit de cuisine saine dans le Var. Petit bémol : "L'affichage des événements est mal mis en avant, on ne voit pas tout de suite le nom de la ville, c'est mal renseigné", observe Florence. WWF promet des améliorations à venir sur l'appli.
Quel est mon impact ?
"Pour l'instant, j'ai un peu moins de 200 points. Jusqu'ici, je me suis davantage concentrée sur l'alimentation, mais après je vais me lancer vers des défis plus zéro déchet", confie à franceinfo Alexandra, une étudiante de 18 ans, qui habite à Rennes (Ille-et-Vilaine). Dans tous les cas, même s'il y a des points à la clé de chaque défi, l'idée est surtout d'avancer en fonction de son niveau initial.
"C'est stimulant de dire qu'on a pris cet engagement. Cela renforce l'envie. Et puis souvent, le premier frein qui est identifié est de dire 'si je le fais tout seul ça sert à rien', or là très concrètement je ne suis pas seul à prendre des engagements", expose Pascal Canfin.
L'application va-t-elle être enrichie ?
WAG ne compte pas s'arrêter là. De nouveaux défis sont en développement. En décembre, la catégorie "Noël responsable" a fait son apparition sur l'application. "A faire en famille avec ses enfants", "Quand bébé arrive" et "Retour vers la nature", sont prochainement prévus.
Par ailleurs, WAG compte aller plus loin dans les services et proposer des bons plans. "Si l'on est plusieurs milliers à aller vers des contrats d'électricité verte, alors le fournisseur pourra proposer des réductions, pareil pour l'achat de vélos électriques", expose Pascal Canfin. A terme, WWF ambitionne également de lancer l'application à l'étranger.
Comment est-elle financée ?
Au total, un million d'euros ont été investis pour le développement de l'application par WWF, en partenariat avec l'Ademe, La Poste et la Maif. Côté utilisateurs, l'application est totalement gratuite. Quant aux informations recueillies, WWF l'assure : "Il n'y a aucun partage de données, ni monétisation."
Dernier élément : WAG renvoie parfois sur des sites marchands quand le défi consiste par exemple à se doter d'une boule à thé pour éviter les déchets des sachets. "Nous ne touchons aucune commission, nous renvoyons vers les sites les plus pertinents pour les usagers", affirme Pascal Canfin.
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