COP28 : les pays exportateurs de pétrole "réalisent qu'ils perdent le contrôle", analyse un participant après la lettre de l'Opep sur les énergies fossiles
Ambiance fébrile à la COP28 samedi 9 décembre. L’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) met la pression sur ses 23 pays membres ou associés pour qu’ils rejettent tout accord ciblant les énergies fossiles dans les négociations climatiques alors que de nombreux pays veulent cette fois acter la sortie des fossiles. Le contenu d’une lettre adressée par le secrétaire général des pays exportateurs de pétrole cette semaine a été rendu public vendredi par l’AFP et le quotidien britannique The Guardian. Depuis, c'est le choc à Dubaï.
C'est une lettre présentée comme urgente que l'Opep a envoyée cette semaine à ses membres. La "pression" sur les combustibles fossiles "pourrait atteindre un point de basculement aux conséquences irréversibles". Voilà ce que l'on peut y lire. Une position répugnante pour la ministre espagnole de la Transition écologique. Même agacement du côté du commissaire européen chargé du climat, Wopke Hoekstra. "Laissez-moi vous le dire dans des termes diplomatiques, c'est loin d'être impressionnant. Il est temps que chacun avance au-delà de ses intérêts personnels", tranche-t-il.
Fébrilité du secteur pétrolier
Colère aussi, pour la France, de la ministre Agnès Pannier-Runacher. "Je suis stupéfaite de cette déclaration de l'Opep et donc je compte sur la présidence pour ne pas se laisser impressionner par cette orientation et pour nous permettre d'obtenir un bon accord."
La présidence émiratie, les Emirats étant un membre de l'Opep, comme l'Arabie saoudite, sont des bloqueurs de négociations depuis près de 30 ans. Mais ce courrier démontre, selon Alden Meyer du think tank E3G, un groupe de réflexion sur le changement climatique, une fébrilité du secteur pétrolier qui lui plaît assez.
"C'est un excellent signe pour nous parce que ça montre qu'ils sont inquiets. Ils paniquent."
Alden Meyer, du think tank E3Gà franceinfo
"S'ils n'étaient pas angoissés par l'idée qu'on arrive à quelque chose, à affecter la vente de leur production, ils n'auraient pas sorti une telle lettre", explique-t-il. "Un accord serait une menace pour la prospérité des entreprises et des producteurs. Mais ce n'est pas une menace pour la prospérité des gens dans le monde. C'est un message clé. Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pendant près de 30 ans pour ralentir les négociations. Je pense qu'ils réalisent là qu'ils perdent le contrôle à mesure que le monde prend conscience de l'impact dévastateur de l'utilisation de leurs produits."
Aujourd'hui, les énergies fossiles sont responsables de plus de 75% des émissions de CO2.
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