COP29 : près de 1 800 lobbyistes liés aux énergies fossiles sont présents à Bakou, selon un groupe d'ONG

"Ils ont reçu plus de laissez-passer que l'ensemble des délégués des dix pays les plus vulnérables au réchauffement climatique", dénonce la coalition Kick Big Polluters Out.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des militants appellent à "la fin des énergies fossiles", à la COP29 de Bakou (Azerbaïdjan), le 15 novembre 2024. (LAURENT THOMET / AFP)

Les énergies fossiles occupent une place de choix à la COP29 qui se tient jusqu'au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Y compris dans les délégations. Selon le rapport de la coalition Kick Big Polluters Out (KBPO, en français "Virons les gros pollueurs") publié vendredi 15 novembre, "au moins 1 773 lobbyistes spécialisés dans les énergies fossiles ont été autorisés à participer" à la conférence de l'ONU sur le climat. Comme à la COP28, les personnes liées à des intérêts dans les énergies fossiles dépassent en nombre "la délégation de presque chaque pays", hormis celles de l'Azerbaïdjan (2 229), du Brésil (1 914), pays hôte de la COP30, et de la Turquie (1 862), souligne KBPO, qui fédère 450 ONG.

Selon ce décompte, les lobbyistes liés à l'industrie fossile "ont reçu plus de laissez-passer pour la COP29 que l'ensemble des délégués des dix pays les plus vulnérables au réchauffement climatique (1 033), soulignant à quel point la présence de l'industrie éclipse celle de ceux qui sont en première ligne de la crise climatique", dénonce la coalition. 

Le chiffre exact pourrait cependant être différent, car les auteurs du rapport ont inclus dans leur décompte des personnes liées à des entreprises dont l'activité principale n'est pas les énergies fossiles. Mais pour tous, après analyses, "on peut raisonnablement supposer qu'ils ont pour objectif d'influencer la politique dans l'intérêt de l'industrie des combustibles fossiles", fait valoir KBPO dans sa méthodologie. Selon la coalition, un nombre record de 2 456 personnes liées à des intérêts dans ce secteur étaient inscrites à la COP28 à Dubaï. La COP28 s'était néanmoins achevée sur un appel inédit à accélérer la sortie des énergies fossiles.

ExxonMobil, BP, Shell, TotalEnergies...

Les participants aux COP sont généralement affiliés à un gouvernement ou à une organisation enregistrée. Dans le détail, cette année, le Japon a emmené le géant du charbon Sumitomo et le Canada, les producteurs de pétrole Suncor et Tourmaline. Le Royaume-Uni a fait venir "20 lobbyistes" et l'Italie, des salariés des énergéticiens Eni et Enel. Les majors occidentales Chevron, ExxonMobil, BP, Shell et Eni, ont réuni au total "39 lobbyistes".

Le PDG de la major française TotalEnergies, Patrick Pouyanné, est également sur place, figurant, selon la liste fournie par les Nations unies, dans les invités du pays hôte. "Il va de soi que personne chez TotalEnergies ne participe de quelque manière que ce soit aux négociations entre les Etats, ni n'a accès aux espaces de négociations", a précisé l'entreprise française au sujet de sa présence à Bakou.

Un "conflit direct avec les objectifs de l’accord de Paris"

Constatant cette forte présence, les ONG considèrent que les COP sont sous influence des fossiles. Fin octobre, un rapport redoutait que la COP29 soit "minée par des influences inappropriées d'entreprises et capturée par le secteur des énergies fossiles", écrivait le document publié par l'ONG Transparency International et le collectif Anti-corruption Data Collective. "Cette situation est de plus en plus préoccupante, car les lobbyistes continuent de retarder les négociations internationales visant à enrayer le réchauffement de la planète. Et pour cause, leur modèle économique est en conflit direct avec les objectifs de l’accord de Paris", a argué Gaïa Febvre, responsable des politiques internationales au sein du Réseau Action Climat.

"Chaque année où nous n'éliminons pas cette influence est une année de plus où nous mettons en danger notre survie collective", dénonce Sarah McArthur, chargée de campagne pour l'organisation britannique Youth Climate Coalition, dans le communiqué de KBPO. Les militants ne sont pas les seuls à considérer les COP sous influence. "Il est malheureux que le secteur des énergies fossiles et les pétro-Etats aient pris le contrôle du processus de la COP, à un niveau qui n'est pas sain", a aussi jugé l'ancien vice-président américain Al Gore, présent à Bakou.


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