Témoignages "Il faut trouver un équilibre entre espoir et chagrin" : rencontre avec des "vétérans" des COP

La COP28 se termine mardi prochain à Dubaï, il reste donc encore quelques jours de négociations. Certains sont des habitués de ces sommets pour le climat : surnommés les "dinosaures", ces participants vivent avec un sentiment d’échec… et d’utilité à la fois.
Article rédigé par Julie Pietri
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La COP28 à Dubaï, le 1er décembre 2023. (BEATA ZAWRZEL / MAXPPP)

Les participants de la COP28 à Dubaï ont eu un jour de repos, de pause dans les négociations, jeudi 7 décembre. Malgré tout, chacun a utilisé cette journée pour affiner ses stratégies. Pour les guider dans la dernière ligne droite, pour faire pression sur les décideurs, il y a les "anciens" de la COP, les plus expérimentés des militants. Certains ont fait les 28 sommets.

Ils ont connu les espoirs et les déceptions, les impasses répétées alors que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter en 2023. Ces participants hors-norme vivent avec un sentiment d’échec et d’utilité à la fois, et leur motivation est à toute épreuve.

Alden Meyer est l'un d'entre eux. C'est un Américain de 71 ans, membre d'E3G, un think-tank ou un groupe de réflexion sur le changement climatique. "Ma première conférence, c'était la COP1 à Berlin en 1995, raconte-t-il. La présidente de cette première COP était la ministre de l'Environnement allemande, une certaine Angela Merkel. Vous avez peut-être entendu parler d'elle. À l'époque, tout semblait possible et nouveau". 

"Des gens disent que je suis un vrai masochiste, quelqu'un qui aime être puni, parce que je passe mon temps à répéter les mêmes choses et à espérer un résultat différent"

Alden Meyer, un "ancien" de la COP

à franceinfo

Les anciens, aussi appelés "les dinosaures", racontent les COP des débuts avec quelques milliers de personnes accréditées, loin des 90 000 d'aujourd'hui. Le papier était encore roi, se souvient Christoph Bals, de l'ONG allemande Germanwatch : "Quand les COP ont commencé, le téléphone portable n'était pas répandu. C'était assez facile de voir les lobbyistes. Ils étaient assis dans l'entrée, ils donnaient des documents d'informations aux négociateurs, ils faisaient passer des petits papiers en pleine séance où était écrit 'Vous devriez dire ça ou ça'. Aujourd'hui, c'est caché, ça se passe mais sur les téléphones portables"

L'Américain Alden Meyer voit arriver dans cet univers des jeunes militants, année après année. "Étant là depuis près de 30 ans, je dirais qu'il faut trouver un équilibre entre espoir et chagrin. Il faut garder son optimisme, croire qu'on peut faire quelque chose tout en ayant de la peine parce qu'on n'en fait pas assez et qu'on va laisser à nos enfants et à nos petits-enfants, une terre bien plus saccagée qu'elle ne devrait l'être. Malgré tout, vous ne pouvez pas laisser cette peine se transformer en désespoir et abandonner parce qu'alors vous n'avez plus aucune utilité", estime-t-il. 

Les deux hommes ont été surpris par cette COP28 avec l'annonce, dès le premier jour, de la mise en route du fonds "pertes et dommages". En revanche, ils craignent que rien de fort ne soit décidé, une nouvelle fois, sur la sortie des énergies fossiles.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.