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Infographie COP26 : où en est la France par rapport aux objectifs qu'elle s'est fixés en matière d'émissions de gaz à effet de serre ?

Alors que la conférence internationale sur le climat s'ouvre à Glasgow, franceinfo compare les ambitions annoncées par la France avec ses résultats réels, année par année.

Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Urgence climatique, urgence politique", peut-on lire sur une pancarte lors d'une manifestation à Toulouse, le 9 mai 2021. (ALAIN PITTON / NURPHOTO / AFP)

"Peut mieux faire". Voilà le commentaire qui pourrait apparaître à l'encre rouge sur les copies des Etats signataires de l'Accord de Paris, paraphé il y a six ans. Leurs plans d'action pour lutter contre le changement climatique mènent le monde à un réchauffement de +2,7 °C d'ici la fin du siècle, très loin de l'objectif de 1,5 °C, s'alarme l'ONU dans un rapport publié en septembre en s'appuyant sur les conclusions du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat).

Parmi eux, la France fait-elle office de bonne élève ? Pour suivre l'objectif établi lors de la COP21, en 2015, le gouvernement s'est fixé plusieurs paliers avant d'envisager la neutralité carbone en 2050, c'est-à-dire que les émissions de gaz à effet de serre (GES) soient intégralement compensées par les absorptions de la planète à cette échéance. Mais, pour le moment, la France peine à tenir ses engagements.

Une décrue trop lente des émissions

Le gouvernement avait fixé le seuil des émissions à ne pas dépasser à 442 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt eqCO2) entre 2015 et 2018 (puis 440 lors d'un ajustement), mais la France a chaque année dépassé ces promesses. Le Citepa, chargé d'étudier les effets des politiques et des mesures prises en faveur du climat sur les émissions, note un "dépassement estimé à 65 Mt eqCO2 sur l'ensemble de la période". "Les émissions de gaz à effet de serre n'ont décru que de 1% par an en moyenne entre 2015 et 2018, alors que le scénario [de Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) votée en 2015] projetait une diminution de 2,2% par an, en moyenne, sur cette période", ajoute l'organisme dans son rapport 2021 (PDF).

L'année 2019 est, elle, en dessous des objectifs fixés par la deuxième version de la SNBC, qui a toutefois relevé le plafond initial, non respecté. "Il est très probable que l'année 2020, avec un niveau exceptionnellement bas dû à la crise sanitaire soit elle aussi en dessous de l'objectif SNBC fixé pour cette année", avance le Citepa, qui craint toutefois un "rebond des émissions" après la crise sanitaire, alors même que l'effort doit s'accélérer après 2023.

[Pour lire le graphique ci-dessous : les barres grises représentent les émissions réelles de la France chaque année depuis le début du siècle. Les lignes oranges représentent les objectifs de la première SNBC et les lignes jaunes, ceux de la deuxième SNBC. Enfin, les points verts correspondent aux objectifs fixés dans différents textes de loi.] 

Jusqu'en 2050, des projections dans le rouge

Et à l'avenir, la France risque encore de dépasser ses propres objectifs. Selon les dernières projections "avec mesures existantes" réalisées par le ministère de la Transition écologique, qui prennent en compte l'effet des politiques adoptées, les émissions de gaz à effet de serre françaises atteindront 367 Mt eqCO2 en 2030 et 330 Mt eqCO2 en 2050, bien au-delà des 310 et 80 Mt eqCO2 attendues respectivement dans la deuxième Stratégie nationale bas-carbone et la loi énergie-climat adoptée en novembre 2019.

Le ministère souligne toutefois que ce "scénario prend uniquement en compte les politiques et mesures adoptées jusqu'au 31 décembre 2019", excluant donc notamment les mesures figurant dans la loi climat et résilience promulguée fin août. "De nombreuses mesures du projet de loi prévoient des délais allongés de mise en œuvre [qui] sont manifestement incompatibles avec le rythme attendu de l'action contre le changement climatique et le rattrapage du retard pris par la France dans l’atteinte de ses budgets carbone", a toutefois remarqué le Haut Conseil pour le climat en début d'année. Mal notée jusqu'à présent, la copie française va donc devoir être revue et corrigée.

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