La destruction de l'Amazonie entraînera une "apocalypse" mondiale, met en garde un leader autochtone
Dans un entretien à l'AFP, un représentant des peuples autochtones d'Amazonie appelle les pays développés à collaborer avec eux pour protéger cette forêt dont dépend en partie l'avenir de l'humanité.
Ils se battent au quotidien pour empêcher une "apocalypse" mondiale. Des millions d'autochtones du bassin amazonien mènent une bataille contre le temps pour sauver l'immense forêt tropicale. "Il y a deux scénarios", prévient dans un entretien exclusif à l'AFP, mardi 12 octobre, le Vénézuélien Gregorio Mirabal, chef de l'Organe de coordination des organisations autochtones du bassin de l'Amazone (Coica) et membre du peuple Wakuenai Kurripaco. L'un de ces scénarios est l'"apocalypse, sans retour", lance-t-il.
"Les gens vont manquer d'oxygène, la planète va se réchauffer dans cinquante ans de deux ou même trois degrés. La vie sur cette planète ne sera pas possible si l'Amazonie disparaît", met-il en garde, appelant les pays développés présents à la COP26, la prochaine conférence sur le climat à Glasgow (Ecosse), à collaborer avec les peuples autochtones pour sauvegarder les 8,4 millions de km2 de l'Amazonie, via un "financement [qui] doit être global, réparti équitablement" entre les neuf pays ou territoires d'Amazonie (Brésil, Bolivie, Pérou, Equateur, Colombie, Venezuela, Guyana, Surinam et Guyane française). "Or il n'y a pas de financement clair aujourd'hui dans ce sens."
En tant que représentant des 3,5 millions d'autochtones d'Amazonie, Gregorio Mirabal, 54 ans, prône "l'autre scénario" : "Que nos enfants puissent se baigner dans cette rivière, apprendre à connaître ce qui existe ici, voir les arbres, la biodiversité, voir cet ara voler. C'est le scénario que nous proposons au monde s'il nous aide à protéger 80% de l'Amazonie."
Plus de 200 militants écologistes autochtones assassinés en 2020
Le représentant des peuples autochtones rappelle que 17% de la forêt ont déjà été anéantis par l'exploitation du pétrole et des minerais, la pollution et la déforestation pour l'agriculture et l'élevage. Dans cet entretien à l'AFP, il s'alarme des menaces qui pèsent sur les populations de quelque 500 grandes tribus, gardiennes de la forêt qui, de ce fait, sont attaquées et tuées.
"Le Brésil et la Colombie sont parmi les endroits les plus dangereux au monde si vous êtes un défenseur de la nature ou un dirigeant indigène. Vous avez 80% de chances d'y être tué ou emprisonné", explique-t-il. "Puis vient le Pérou. Et ce, parce que les militants s'opposent aux entreprises pétrolières, minières ou forestières. En 2020, nous atteindrons 202 meurtres en Amazonie", contre 135 en 2019.
Toutefois, "le pire danger", selon Gregorio Mirabal, "est le manque de volonté politique de nos gouvernements, qui va de pair avec la corruption, la non-application de nos droits. Les pays développés doivent considérer l'Amazonie comme un territoire qui les fait vivre eux aussi", lance-t-il, assurant vouloir "protéger l'Amazonie pour protéger l'humanité". Et le responsable de pointer "les grandes banques de la planète [qui] financent la destruction de l'Amazonie en fournissant les ressources pour l'exploitation pétrolière et d'autres formes d'activités prédatrices", ainsi que la surconsommation de plastique et d'énergie et la déforestation encouragée par la politique du président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro.
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