Carte COP16 en Arabie saoudite : la désertification, un fléau qui touche tous les continents du monde

La COP16 sur la lutte contre la désertification se tient à Riyad, en Arabie saoudite, du 2 au 13 décembre. "Tous les continents sont touchés", alerte un expert.
Article rédigé par Camille Adaoust
France Télévisions
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Temps de lecture : 4min
Un jardin cultivé est asséché à Takaba, au Kenya, le 1er septembre 2022. (YASUYOSHI CHIBA / AFP)

C'est sans doute la moins connue des COP, comparée à celles sur le climat et sur la biodiversité, mais elle n'en traite pas moins un enjeu majeur. La 16e session de la conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) s'ouvre à Riyad, en Arabie saoudite, lundi 2 décembre. Les pays du monde entier tenteront, lors de cette COP qualifiée d'"historique" par les Nations unies, de limiter l'expansion des déserts et le déclin progressif de la qualité des sols, de la végétation, des ressources en eau ou de la faune.

Les objectifs de l'événement sont multiples. "Les pays devraient s'accorder sur la manière de traiter la question cruciale de la sécheresse", explique le secrétaire exécutif de la CNULCD, Ibrahim Thiaw, citant également l'accélération de la restauration des terres et la prise en compte des "communautés les plus vulnérables".

"Tous les continents sont touchés"

Actuellement, la désertification menace "40% des terres émergées de la planète", signale l'Institut de recherche pour le développement (IRD), et affecte 3,2 milliards de personnes, précise la CNULCD. "Tous les continents sont touchés par la dégradation des sols, pas un n'est épargné", alerte Jean-Luc Chotte, directeur de recherche à l'IRD et président du Comité scientifique français sur la désertification.

C'est ce que montre, en partie, la carte suivante, issue du sixième rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), publié en 2022. Elle identifie les zones arides dans le monde (en marron) et leur expansion (en rouge) entre les années 1901-1930 et les années 1988-2017.

Dans son rapport publié en 2022, le Giec fait état des zones arides dans le monde et de leur expansion. (Rapport du GIEC)

L'indice aridité, utilisé pour réaliser cette carte, présente une "vision globale liée aux évolutions climatiques", expose Mehrez Zribi, directeur de recherche CNRS au Centre d'études spatiales de la biosphère. Nombre de documents de référence – comme l'atlas du centre de recherche de la Commission européenne – se basent sur cet indice pour rendre compte de la désertification.

Dans un rapport spécial consacré aux terres, le Giec met toutefois en garde sur son utilisation. Le groupe considère qu'évaluer le phénomène complexe de dégradation des sols devrait plutôt se faire en combinant trois indicateurs : l'évolution de la couverture des terres, la perte de productivité et la baisse du stockage de carbone organique par les sols.

L'Afrique se dégrade plus rapidement

Reste que "l'ampleur et l'intensité de la désertification ont augmenté dans certaines zones arides au cours des dernières décennies", établit le Giec. L'Amérique latine et l'Asie sont les continents qui affichent la plus importante proportion de terres abîmées, mais les dernières tendances "montrent que l'Afrique se dégrade considérablement plus rapidement que la moyenne mondiale", alerte la Convention dans un outil permettant de comparer l'évolution de la situation dans différentes régions. Le continent africain a ainsi vu se dégrader, entre 2015 et 2019, 250 millions d'hectares de terres supplémentaires.

Le continent européen n'est pas en reste. "On pense que le désert, c'est loin. C'est totalement faux", signale Jean-Luc Chotte. "Beaucoup de sols se dégradent, sont érodés, voient leur stock de matière organique diminuer", décrit-il, citant les exemples de l'Espagne ou encore du sud de la France.

"La fertilité des sols diminue, les réserves d'eau diminuent, la biodiversité diminue. On est dans un système qui se fragilise de plus en plus. On produit moins et de moins bonne qualité", complète le chercheur. Pour lui, lutter contre la désertification, c'est donc "lutter contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi s'adapter, atténuer le changement climatique et conserver la biodiversité".

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