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Crise climatique : des scientifiques français emprisonnés en Allemagne pour des actions de désobéissance civile

Seize scientifiques, dont cinq Français, ont été interpellés lors d'une action organisée par le collectif Scientist Rebellion contre BMW. "Nous avons plus peur du réchauffement climatique que de la prison", justifie l'un d'entre eux.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une manifestante du collectif Scientist Rebellion arrêtée par la police allemande, le 28 octobre 2022, à Munich (Allemagne). (ALEXANDER POHL / SHUTTERSTOCK / SIPA)

En prison pour le climat. Seize scientifiques, dont cinq Français, ont été arrêtés et placés en détention provisoire, samedi 29 octobre, pour s'être collé la main à une voiture de sport BMW exposée dans un showroom à Munich (Allemagne). Dans un communiqué (en allemand), la police a annoncé l'ouverture d'une enquête pour intrusion et évoqué "plusieurs dizaines de milliers d'euros de préjudice"Parmi les scientifiques arrêtés, treize sont toujours détenus jusqu'au 4 novembre. Une façon de les empêcher de poursuivre leurs actions, programmées jusqu'à cette date.

>> "Parler gentiment a montré ses limites" : face à la crise climatique, des scientifiques racontent pourquoi ils entrent en rébellion

Leur geste fait partie d'une campagne de désobéissance civile lancée par le collectif Scientist Rebellion contre l'inaction face au réchauffement climatique. Fatigués de chroniquer rapport après rapport une catastrophe écologique annoncée, liée à l'activité humaine, ils ont décidé de se lancer dans des actions de désobéissance civile.

"Cette entreprise fait beaucoup de greenwashing. (...) Nous voulions rétablir une image de l'industrie automobile plus fidèle à la réalité", justifie Jérôme Guilet, astrophysicien de 38 ans, libéré mercredi 2 novembre.

"Si nous voulons un monde vivable, il faudra choisir entre cette industrie qui pollue et le climat."

Jérôme Guilet, astrophysicien

à franceinfo

Depuis le début du mois, ces scientifiques ont, entre autres, manifesté devant le ministère des Finances à Berlin, pénétré brièvement dans le hall d'entrée de la société de gestion d'actifs Blackrock à Munich et passé près de 48 heures collés à des véhicules dans la salle d'exposition de la marque Porsche à Wolfsburg, berceau du groupe Volkswagen.

"Le discours rationnel ne suffit plus"

Comme ses camarades, Marceau Minot, relâché mardi 1er novembre parce qu'il s'est engagé à rentrer en France et à ne pas participer à d'autres actions cette semaine, s'était préparé à cette éventualité.

"Nous avons plus peur du réchauffement climatique que de la prison. C'est moins pire que ce qui nous attend dans les années qui viennent."

Marceau Minot, écologue

à franceinfo

Ce trentenaire attend désormais de recevoir une amende pour pouvoir éventuellement la contester. "BMW a également déposé une plainte demandant entre 100 000 et 1 million d'euros de dommages et intérêts pour mes dégradations commises sur le véhicule", fait-il savoir. Qu'importe, il justifie son geste par l'inefficacité des autres modes d'action. "En 2018, il y a eu de grandes manifestations pacifiques, une vraie prise de conscience. Quatre ans plus tard, en 2022, les courbes n'ont pas bougé", relève-t-il.

A ses côtés, Jérôme Guilet abonde : "Le discours rationnel ne suffit plus. Nous sommes sur une trajectoire catastrophique malgré 40 ans de discours sur le climat." L'astrophysicien dénonce le poids des intérêts financiers et politiques : "On ne peut pas continuer à parler gentiment. En face, il y a des gens qui n'hésitent pas à utiliser tout leur pouvoir pour empêcher le changement."

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