Environnement : des ONG assignent Danone en justice pour pollution au plastique
Bouteilles d'eau et autres pots de yaourt échouent encore souvent dans la nature et viennent polluer rivières et océans. Face à ce fléau, ClientEarth, Surfrider Foundation Europe et Zero Waste France demandent que l'entreprise Danone soit condamnée à planifier une "trajectoire de déplastification", selon une assignation consultée lundi 9 janvier par l'AFP. "On est bien conscients que cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, mais cela doit commencer aujourd'hui", a plaidé auprès de l'AFP Antidia Citores, porte-parole de la coalition d'ONG.
Les trois organisations de protection de l'environnement jugent que les efforts de l'entreprise en vue de la sortie du plastique sont insuffisants. Pour intenter cette action, elles se basent sur une loi de 2017 sur le "devoir de vigilance", laquelle oblige les grandes entreprises françaises à s'assurer du respect des droits humains fondamentaux et de l'environnement jusque chez leurs fournisseurs du monde entier. Cet outil juridique est de plus en plus utilisé par les associations pour attaquer en justice des grands groupes, à l'instar, par exemple, de TotalEnergies, traduit en justice pour un projet pétrolier en Ouganda et en Tanzanie.
Un des plus gros pollueurs au plastique
Selon le mouvement "Break free from plastic", Danone figure parmi les dix plus gros "pollueurs plastiques" au monde, derrière Coca-Cola, Pepsico ou Nestlé. Or, les ONG à l'origine de l'assignation en justice lui reprochent de ne pas mentionner la pollution plastique dans son "plan de vigilance" ou encore d'acheter des légumes qui ont poussé sous des serres en plastique et sont paillés à l'aide de polypropylène, par exemple pour les produits Blédina.
Dans une réaction à l'AFP, Danone s'est dit "très surpris" par la démarche, s'estimant "depuis longtemps reconnue comme une entreprise pionnière dans la gestion des risques environnementaux" et impliquée dans la promotion du "recyclage" et "la recherche sur les matériaux alternatifs". Le groupe, qui a utilisé près de 751 000 tonnes de plastique en 2021, d'après son dernier rapport annuel, s'est fixé comme objectif de concevoir des emballages "100% recyclables, réutilisables ou compostables" d'ici à 2025.
Cependant, les ONG estiment qu'il ne suffit pas de miser sur le recyclage de ses emballages, mais plutôt de traiter le problème à la source en réduisant son recours au plastique, au profit de bouteilles consignées, par exemple. "Le plastique recyclé n'empêche pas d'avoir des plastiques au fond de l'océan", a résumé Antidia Citores.
Mettre la question du plastique "au même niveau" que celle du climat
La multinationale française avait d'abord été mise en demeure fin septembre par la coalition d'ONG, en même temps que huit mastodontes de l'agroalimentaire et de la distribution (Auchan, Carrefour, Lactalis…). Les associations n'ont cette fois assigné que Danone, étape ultérieure de la procédure qui ouvre la voie à une audience devant le tribunal judiciaire de Paris.
"Le dialogue est toujours en cours avec les autres [entreprises]. Il n'est pas exclu qu'elles doivent aussi rendre des comptes devant la justice française", a déclaré à l'AFP l'un des avocats des ONG, Sébastien Mabile. L'objectif est "de faire monter la question du plastique à l'agenda des entreprises au même niveau que la question du climat", afin qu'elles réduisent leur empreinte plastique et, plus généralement, les "atteintes environnementales extrêmement graves" qui découlent de leurs activités, souligne-t-il.
La communauté internationale, sous l'égide de l'ONU, a entamé des négociations visant à élaborer d'ici à 2024 un traité pour lutter contre la pollution plastique, des discussions très difficiles. Danone précise soutenir la mise en place d'un "traité global contraignant sur le plastique à l'échelle mondiale", évoquant un "défi systémique impossible à résoudre par une entreprise seule".
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