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Réchauffement climatique : la stratégie d'adaptation de la France doit aussi prendre en compte un scénario "pessimiste" à +4°C, plaide Christophe Béchu

Face aux difficultés à atteindre l'objectif fixé par l'accord de Paris, le ministre de la Transition écologique juge qu'il faut anticiper en "modélisant" une trajectoire à +4°C de réchauffement d'ici à 2100.
Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, à Paris, le 13 janvier 2023. (GAUTHIER BEDRIGNANS / HANS LUCAS / AFP)

"C'est indispensable pour permettre la prise de conscience." Afin que la France s'adapte au mieux au réchauffement climatique causé par les activités humaines, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, défend la prise en compte de deux scénarios. L'un retient une hausse des températures de 2°C en 2100 par rapport aux niveaux préindustriels, l'autre une hausse de 4°C. Il l'a fait savoir, lundi 30 janvier, lors d'une conférence organisée par France Stratégie et intitulée "Adaptation au changement climatique dans les territoires : comment avancer ?"

L'accord de Paris vise idéalement un réchauffement global de +1,5°C, au pire de +2°C. "On ne peut pas s'écarter de cela, parce qu'il faut qu'on continue d'expliquer que l'ambition est bien d'aller vers cela. On ne peut pas capituler", a insisté le ministre, avant de nuancer : "Mais quand on voit les projections récentes du Giec [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat], quand on lit les études, on s'aperçoit qu'il existe des hypothèses où on est à +4°C et cela nécessite que l'on modélise cette trajectoire."

Christophe Béchu défend "deux scénarios dans notre stratégie d'adaptation : un scénario optimiste et un scénario pessimiste – peu importe la manière dont on les appellera –, qui tournent globalement autour de +2°C et de +4°C". Selon lui, un tel choix est "indispensable pour qu'il n'y ait pas de maladaptation et pour que, dans toutes les décisions que nous prenons, dès maintenant, on intègre ces éléments dans nos modèles".

L'objectif de l'accord de Paris hors d'atteinte ?

Alors que les politiques menées actuellement à l'échelle de la planète nous emmènent vers un réchauffement global de +2,8°C, selon l'ONU, la situation risque d'être bien pire pour la France. Des scientifiques de Météo France et du CNRS ont fait savoir, en octobre, que le réchauffement climatique pourrait conduire à une hausse de la température moyenne dans l'Hexagone de 3,8°C en 2100. "Par rapport aux précédentes estimations, cela représente une révision à la hausse jusqu'à 50%, avait expliqué Aurélien Ribes, auteur principal de l'étude. Les observations récentes suggèrent que la France s'est réchauffée et va continuer à se réchauffer davantage, et plus vite que ce qu'on pensait jusqu'à maintenant."

L'objectif de +1,5°C fixé par l'accord de Paris est "carrément hors d'atteinte", avait estimé, en novembre, un rapporteur du Giec, François Gemenne. Cet objectif était menacé avant la COP27 de Charm el-Cheikh (Egypte). Il a finalement été réaffirmé à l'issue de la COP27, mais aucun nouveau moyen n'a été mentionné pour renforcer la tenue de cet engagement. Les pays qui s'en écartent sont invités, sans réelle vigueur, à mettre à jour leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre d'ici fin 2023.

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