Cet article date de plus de deux ans.

Environnement : "On a pas le choix, c'est une course contre la montre", la difficile transition de l'industrie française vers l'hydrogène

Malgré les objectifs fixés par le gouvernement, la filière de l'hydrogène vert a encore du mal à se développer en France. Visite d'un centre de recherche en région parisienne.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Chantier de la première station de production et distribution d'hydrogène vert dans Paris, le 21 octobre 2022.   (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Des lignes jaunes sur le sol marquent les limites à ne pas dépasser pour les visiteurs de la H2 Factory. Il s'agit du tout nouveau centre de recherche d'Engie consacré à l'hydrogène, à Stains, en région parisienne. Deux cents chercheurs y travaillent et disposent de machines dignes d'un film de science fiction comme des "technologies d'électrolyse" ou des "piles à combustibles haute température".

>> INFO FRANCEINFO. Environnement : TotalEnergies, Lafarge et une cinquantaine d'industriels polluants invités à l'Elysée

L'enjeu est de faire émerger en urgence une filière hydrogène qui n'existait pas il y a cinq ans. "On a pas le choix, c'est une course contre la montre, commente Claire Waysand, économiste et secrétaire générale d'Engie, nous les industriels, nous avons une responsabilité importante. Pour y arriver, on sait bien qu'on a encore besoin de recherche et d'innovation pour réussir la transition énergétique au moindre coût".

Une centaine de projets dans le monde

Au lendemain de l'ouverture de la COP27, 50 des plus gros industriels pollueurs de France ont été invités à l'Élysée, lundi 7 novembre. Emmanuel Macron compte les pousser à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre avec une diminution de 20% au niveau national d'ici 2027. L'une des solutions proposées par le président est le recours à l'hydrogène décarbonné pour remplacer les énergies fossiles. Deux ans après la présentation des plans français pour l'hydrogène, la filière se structure mais est encore loin d'être prête à prendre la relève. 

L'hydrogène peut être utilisé dans l'industrie pour remplacer des énergies fossiles : par exemple il peut remplacer le charbon pour fabriquer de l'acier. En deux ans, l'État a mobilisé neuf milliards d'euros dans les plans France Relance et France 2030. Depuis, la guerre en Ukraine et l'inflation se sont ajoutées à l'urgence climatique. Mais la filière doit encore passer de l'étape du laboratoire à celle de l'application industrielle. C'est en cours assure Catherine McGregor, la patronne d'Engie : "Aujourd'hui, nous avons des projets en développement à l'échelle industrielle, mais ils ne sont pas encore en construction." Une centaine de projets au total sur l'ensemble du globe selon la directrice générale. 

Hydrogène polluant  

Aujourd'hui, plus de 90% de l'hydrogène fabriqué est dit "gris". Cela signifie qu'il est produit à base d’hydrocarbures et donc qu'il est lui aussi polluant. Afin de réussir la transition écologique, il faut de l'hydrogène bas carbone : soit produit à base de capture de CO2, un procédé contesté, soit produit à partir énergies renouvelables.

Selon Sébastien Arbola, vice-président d'Engie, la production d'hydrogène vert devra être mondialisée pour être viable. "Il faudra aller chercher du renouvelable pas cher au Brésil, au Moyen-Orient, aux pays du Maghreb par exemple, où il y a du renouvelable en surabondance, du vent du soleil", constate-t-il. "L'hydrogène renouvelable peut être produit en Europe mais probablement dans les zones plus favorables pour le soleil et le vent." Les trois quarts de la production d'hydrogène vert pourraient donc se faire hors d'Europe et être transportés par bateaux, à condition qu'eux-mêmes trouvent des carburants non polluants. 

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.