"Une boîte de nuit sur l'eau, franchement, je ne comprends pas" : une plage privée flottante dénoncée comme "une aberration écologique"
L'immense plateforme est amarrée au quai du chantier naval de la Seyne-sur-Mer. Visible de loin, elle attire les curieux comme Walter, venu voir "le luxe apparent, en tout cas de loin". Impressionnant, reconnaît-il, à la vue de ce qu'il distingue de cette plage privée flottante, Canua Island, arrivée lundi 22 mai en provenance du port italien de La Spezia. "Carrément, oui ! Avec une grosse voilure sur le dessus, des palmiers devant. C'est vraiment très joli, effectivement." Il décrit ce qu'il voit. "Il y a des gens qui s'activent dessus... Il n'y a pas trop de visibilité ici, mais bon, malgré tout, on voit que c'est une masse."
Impossible de distinguer depuis la terre ferme la piscine d'eau douce, le bar-lounge ou le restaurant de cette île artificielle, une plateforme de 1 750 m2 posée sur un trimaran à moteur. Canua Island pourrait accueillir jusqu'à 350 personnes et divise les promeneurs. "Il y a plein de trucs qui se font et ça ne dérange pas. Je ne vois pas en quoi ça gêne !", glisse l'un. "S'ils récupèrent leurs déchets, s'il n'y a pas les eaux usées qui vont dans la mer, bon... Il en faut pour tous les goûts", enchaîne l'autre. Walter a un avis plus tranché. "C'est aberrant. Avoir des navettes aller-retour pour acheminer les clients, faire chauffer de l'eau avec des systèmes pour une piscine, en mer ? Non, c'est ridicule." Même incompréhension pour cette femme : "Je trouve que ça va à l'encontre de tout ce qu'il faudrait mettre en place à l'heure actuelle. Aller mettre une boîte de nuit sur l'eau, il y a peut-être d'autres choses à faire. Franchement, je ne comprends pas quels sont réellement les enjeux."
Des craintes pour l'écosystème marin
L'emploi est l'un des arguments soutenus par la mairie de Mandelieu-la-Napoule. Canua Island devrait venir jeter l'ancre au large de cette commune dont le maire n'a pas donné suite à nos sollicitations. D'autres élus et, surtout, l'association Syllau dénoncent les risques d'atteinte à l'environnement. L'avocat de l'association, Eric Lanzarone, prévient : "On attaquera devant le tribunal administratif en référé chaque autorisation de mouillage qui sera délivrée par la préfecture maritime. On ne peut pas à la fois vanter la transition écologique et admettre un navire qui cumulera une discothèque, une piscine, un restaurant, des navettes incessantes. Un tel navire abîmera nécessairement les fonds marins, et notamment les herbiers de posidonies dont on oublie de dire que c'est une véritable nurserie pour l'écosystème marin."
Ce projet a été financé en partie par la région Sud et la Banque publique d'investissement, mais "sans connaissance de sa destination finale", assure un élu du Conseil régional. Il assure que la région Sud et son président Renaud Muselier sont contre ce projet "dénué de sens".
Une pétition a été lancée. Elle avait réuni près de 14 000 signatures, mercredi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.