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"Fukushima, ce n'est pas Tchernobyl", affirme Denis Delbecq à propos des accidents nucléaires en cours au Japon

Journaliste scientifique, physicien, Denis Delbecq a décrypté pour nous lundi les informations venant du Japon sur l"état des centrales nucléaires touchées par le séisme et le tsunami et sur les risques pour les populations.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Panache de fumée au dessus du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fukushima après l'explosion (France Télévisions)

Journaliste scientifique, physicien, Denis Delbecq a décrypté pour nous lundi les informations venant du Japon sur l"état des centrales nucléaires touchées par le séisme et le tsunami et sur les risques pour les populations.

A quel niveau de risque sommes nous ?

Denis Delbecq: Très dificile à dire car nous ne disposons que d"informations très parcellaires. C"est très difficile de se faire une idée.

On a vu une explosion, qu"est ce que c"était ?
D.D : Chaque réacteur nucléaire est placé dans une cuve en acier, qui renferme notamment le combustible. Cette cuve, qui constitue la principale barrière contre les rejets radioactifs est enfermée dans une seconde enceinte, en béton cette fois, le tout étant placé dans un bâtiment. Les gestionnaires de la centrale relâchent de la vapeur contenant de l"hydrogène qui provient sans doute d"une réaction chimique liée à la chaleur du réacteur, afin de faire baisser la pression dans la zone de confinement. Cet hydrogène se mélange alors avec l"oxygène qui est présent au dessus de la zone de confinement et il a suffit d"une étincelle pour que ce mélange explose.

On parle de fusion ?

D.D : Je crois comprendre qu"il y a bien des phénomènes de fusion sans que l"on sache s"il s"agit de la fusion de l"enveloppe du combustible ou du combustible lui-même. La fusion du combustible lui-même serait beaucoup plus grave.

Que se passerait-il en cas de fusion du combustible ?

D.D : Tant que le combustible reste bloqué dans les gaines des crayons, tout va bien. Mais s"il sort des crayons, il s"accumule au fond de la cuve, et c"est là que les vrais ennuis commencent. Car au fond, il n"y a plus de barres de contrôle. Donc la radioactivité peut, une fois une «masse critique» atteinte, redémarrer la réaction de fission en chaîne, cette fois de manière totalement incontrôlable.

En est-on là ?
D.D : Rien n"indique que nous en sommes là. Les ingénieurs ont décidé de noyer ces deux réacteurs en injectant de l"eau de mer, additionnée de bore (qui capte les neutrons émis par les matières radioactives). Si, on était arrivé au stade incontrôlable de la fusion du combustible, je crois que malgré le culte du secret qui peut régner dans le milieu du nucléaire, on aurait eu des ordres d"évacuation beaucoup plus importants que ceux que l"on a eu jusqu"à maintenant.

Peut-on comparer ce qui se passe avec Tchernobyl ?

D.D : Cela n"a rien à voir. A Tchernobyl, le réacteur avait explosé. Ce qui se passe au Japon ressemble plus à ce qui s"était passé à Three Miles Island en 1978 avec une fusion partielle du réacteur.

Denis Delbecq est docteur en physique de formation et journaliste depuis une quinzaine d"années. Il édite un site internet : effetsdeterre

(Voir aussi les communiqués -en anglais- de l'agence japonaise de sécurité nucléaire)

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