Gaz de schiste : une loi "incontestable"... et contestée
Le Conseil Constitutionnel a validé vendredi la loi qui interdit l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste par la technique de la fracturation hydraulique en France. Elle a ainsi conforté les défenseurs de l'environnement, mais aussi François Hollande, qui en avait fait une de ses promesses. Une défaite pour la société américaine Schuepbach, à l'origine de cette saisine du Conseil, et les industriels français comme Total ou GDF Suez.
Une victoire politique pour Hollande et Martin
François Hollande en avait fait une de ses promesses : lui élu, la fracturation hydraulique ne serait pas acceptée. Le Président de la République avait rappelé cet engagement lors de la conférence environnementale, en septembre. Il l'a reconfirmé aujourd'hui, peu de temps après avoir eu vent de la décision du Conseil constitutionnel.
"Cette loi a été plusieurs fois contestée, elle est maintenant incontestable" (François Hollande)
"Il était important que le conseil constitutionnel donne à cette loi toute sa place et toute son autorité. Cette loi a été plusieurs fois contestée, elle est maintenant incontestable ", a expliqué François Hollande. Avant de préciser : "c ette loi prévoit uniquement d'interdire l'utilisation du
gaz de schiste par fracturation hydraulique mais n'empêche pas la recherche dans
d'autres domaines ".
Phillippe Martin, ministre de l'Ecologie, avait également de quoi se réjouir, puisque cela conforte la position anti-fracturation hydraulique du gouvernement, un temps mise à mal par Arnaud Montebourg. "C'est une victoire juridique, mais aussi une victoire écologique et politique. Avec cette décision, l'interdiction de la fracturation hydraulique est générale et absolue ", explique-t-il.
Les industriels jugent la décision "regrettable"
De nombreuses personnes sont montées au créneau pour critiquer la décision du Conseil constitutionnel. Ce matin déjà, peu de temps avant la décision, Anne Lauvergeon, patronne d'Areva, avait déjà émis quelques réserves. En fin de matinée, c'est Christian Bataille, député PS à l'origine d'un rapport sur le sujet, qui a déploré la décision : "C'est un regret pour la France car nous avons un déficit
du commerce extérieur très important imputable à 80% aux importations de gaz et
de pétrole. Et ce déficit va rester ".
"Je pense qu'il est préférable de consommer le gaz et le pétrole que nous avons sous nos pieds plutôt que de l'acheter à la Russie ou au Moyen-Orient" (Christian Bataille, député PS)
Jean-Louis Schilansky; patron de l'Union Française des Industries Pétrolières (UFIP) est moins radical. Il s'attendait à une telle réponse. Toutefois, l'enjeu est désormais pour lui de ne pas rester les bras croisés et de continuer la recherche. "Nous comprenons les inquiétudes des défenseurs de l'environnement.
Mais ce que nous disons, c'est que ce qui s'est passé dans d'autres pays a été
une exagération complète de ce qui se passe réellement. C'est interdit, on ne
va pas le faire, mais regardons ce qui se passe autour de nous. ", explique-t-il.
Et le directeur de l'UFIP de rappeler qu'une des dispositions de la loi est de créer une commission chargée de poursuivre la recherche sur le sujet. Il s'agira donc de voir si François Hollande - qui a bien expliqué que la recherche continuerait - appliquera cette disposition.
Les écologistes sont réjouis
Enfin, les écologistes se sont eux réjouis d'une telle décision, mais ils restent méfiants. L'association environnementale WWF a publié un communiqué de presse sur son site, et de nombreuses personnalités ont exprimé leur satisfaction sur les réseaux sociaux.
Certains collectifs anti-gaz de schiste estiment toutefois qu'il ne faut pas baisser la garde. "Il ne faut pas que les gens croient qu'à cause de ça il faut se démobiliser. Au contraire, car ils ne vont pas nous laisser faire ! Vous pensez bien que ce sont des milliards et milliards d'euros que ces gens-là peuvent se mettre dans la poche... ", explique-t-il, rappelant aussi les dangers de l'extraction, et les conséquences désastreuses qui se sont déjà faites ressentir aux Etats-Unis
"Le gaz de schiste, c'est dix ans de bénéfice pour les pétrogaziers, et 200 ans de pleurs et de pollution pour les populations françaises" (Philippe Pascot, collectif anti-gaz de schiste)
La société pétrolière américaine Schuepbach, qui avait saisi le Conseil constitutionnel, a quant à elle affirmé qu'elle allait continuer à contester en justice l'abrogation des deux permis qu'elle détenait en France, en 2011.
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