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Le gaz de houille, une alternative au gaz de schiste ?

Francetv info s’intéresse aux potentiels énergétique, économique et écologique de cette ressource minière, présentée comme une alternative au gaz de schiste.

Article rédigé par franceinfo - Par Manon Descoubès
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Exploitation minière en Moselle, en Lorraine.  (H. RIGEL / BIOSPHOTO)

C'est "un gaz made in France", d'après le ministre Arnaud Montebourg. Le gaz de houille se présente comme une alternative à l'exploitation (interdite) du gaz de schiste. Mardi 18 février, le bureau du Schéma régional de développement économique (SRDE), de la région Nord-Pas-de-Calais, examinera le bilan d’une mission d’enquête sur l’exploitation du gaz de houille. Elle s’est notamment rendue en Lorraine, où des forages exploratoires ont démarré il y a quelques mois.

Qu’est-ce que le gaz de houille ?

Redouté par les mineurs dans le roman Germinal d’Emile Zola, le gaz de houille est plus connu sous le nom de "grisou". Selon l'Ineris, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (PDF), "le gaz de houille (ou gaz de charbon) correspond au méthane contenu naturellement dans certains gisements de charbon. Il est souvent accompagné par d’autres gaz, en particulier le dioxyde de carbone".

L’exploitation de méthane issu des gisements de charbon n’est pas un fait nouveau. Cette pratique s’est développée dès les années 1980, principalement aux Etats-Unis, puis en Australie et au Canada. A l’échelle européenne, plusieurs essais ont déjà été mené dans les principaux bassins houillers.

Défendu par Arnaud Montebourg, ce "gaz 'made in France' (...) pourrait assurer à la France cinq à dix ans de consommation", s'enthousiasme le ministre du Redressement productif.

Un potentiel économique ?

Cette manne énergétique stockée dans les sous-sols a été repérée par la société European Gas Limited, qui a obtenu l'an dernier l'autorisation d'effectuer un premier forage à 1 000 m de profondeur. Des travaux d'exploration dans le Nord-Pas-de-Calais pourraient débuter d’ici à la fin de l’année 2014, rapporte le quotidien La Croix.

Ils ont pour finalité, selon l’EGL, de profiter avant tout aux industriels locaux et de favoriser de nouvelles implantations. Une énergie bon marché qui serait deux fois moins chère que le gaz importé aujourd’hui. L'objectif : privilégier l’extraction d’un gaz sur notre territoire plutôt que son importation à prix d’or.

En outre, relate Europe 1, un "contrat de filière" avec le secteur gazier doit être signé d'ici juin. Il prévoit entre autres "l’approvisionnement à prix compétitifs en gaz et électricité des industries chimiques, grandes consommatrices d’énergie, afin d’éviter, le risque de délocalisation vers des pays où le prix du gaz est très bas".

Une extraction non polluante ?

La société European Gas Limited assure à La Voix du Nord que l’exploitation du gaz de houille s’effectue sans fracturation hydraulique. Interdite par la loi du 13 juillet 2011, cette technique jugée trop polluante a conduit à l’interdiction de l’exploitation, en France, du gaz de schiste. L'exploitant explique que c’est par "simple dépressurisation qu’ils iront chercher les molécules de gaz coincées dans les veines de charbon".

En Lorraine, d'après le quotidien La Croix, le vice-président EELV de la région a soutenu l'exploitation des gaz de houille. Politiquement, les avis restent partagés. L'Institut national de l'environnement industriel et des risques pointent cependant, via Pierre Toulhoat – directeur scientifique de l'INERIS – et Bernard Tardieu – président de la commission Energie et Climat de l'Académie des sciences – "la nécessité, dans certains cas, de recourir à la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de houille". Dans un rapport daté de mai 2013 (PDF), l’institution souligne les risques et les impacts potentiellement générés par l’exploitation du gaz de houille.   

Ainsi, l'Ineris distingue trois enjeux critiques : les risques accidentels d’abord, comme la migration non-maîtrisée de gaz vers la surface ; les impacts environnementaux (sur le niveau des nappes phréatiques, sur la qualité des eaux souterraines et de surface, sur la qualité de l’air et des sols, etc.) ; les conséquences des rejets de gaz à effet de serre sur les écosystèmes. Les impacts sanitaires n’ont, quant à eux, pas pu être encore évalués étant donné le manque de connaissances sur ce domaine.

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