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Info franceinfo Le bruit coûte chaque année 156 milliards d'euros à la France

Selon une étude de l'Ademe et du Conseil national du bruit, 68,4% des dépenses globales attribuées aux nuisances sonores concernent le bruit des transports.

Article rédigé par franceinfo
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Des automobilistes sur l'autoroute A7 entre Lyon et Vienne, dans le sud-est de la France, lors d'un important embouteillage le premier grand week-end des vacances d'été, le 10 juillet 2021. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Le coût social du bruit s'élève à 155,7 milliards d'euros par an, selon une étude publiée jeudi 22 juillet par l'Ademe (Agence de la transition écologique) et le Conseil national du bruit, que vous révèle en exclusivité franceinfo. Le trafic routier présente à lui seul la moitié du coût global.

L'étude a cherché à évaluer le coût du bruit sur les dépenses de santé à court et long terme, des maladies professionnelles à la perte d'espérance de vie, ainsi que ses conséquences plus larges sur l'économie comme la dépréciation immobilière ou la perte de productivité.

De 57 milliards en 2016 à 156 en 2021

155,7 milliards d’euros par an, "c'est énorme, mais ça doit surtout nous faire prendre conscience que le bruit, la pollution sonore est un véritable enjeu de santé publique parce que c'est bien cela que nous avons chiffré", a souligné Laurianne Rossi, députée LREM dans les Hauts-de-Seine et présidente du Conseil national du bruit ce jeudi 22 juillet sur franceinfo. "On arrive à ce chiffre de 156 milliards d'euros alors qu'en 2016, nous étions à 57 milliards. On a affiné un peu notre méthodologie : plus de maladies, plus de nuisances. Par exemple, les chantiers, nous ne les avions pas pris en compte en 2016. Cette fois ci, nous les avons intégrés. Mais il y a une réalité, c'est que vous avez de plus en plus de Français qui sont aujourd'hui exposés au bruit", a affirmé l'élue.

"Neuf millions de Français sont exposés à des seuils de bruit supérieurs aux seuils autorisés."

Laurianne Rossi, présidente du Conseil national du bruit

à franceinfo

En 2018, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait que le bruit était le second facteur environnemental provoquant le plus de dommages en Europe, derrière la pollution : un Européen sur cinq est exposé de manière chronique à des niveaux de bruit préjudiciables à la santé. 

Le coût astronomique du bruit des transports

Sans surprise, le bruit des transports coûte le plus cher, 106,4 milliards d'euros par an en France, selon l'étude, soit 68,4% des dépenses globales attribuées aux nuisances sonores, le vrombissement du trafic routier représentant à lui seul la moitié des dépenses totales. En second lieu arrivent les nuisances de voisinage (voisins, mais aussi chantiers, et bruit généré par les activités professionnelles comme la présence d'un bar près de son logement), elles coûtent 26,3 milliards d'euros par an en France. Enfin, les nuisances sonores au sein des environnements de travail coûteraient 21 milliards d'euros par an à la société française dans son ensemble. 

Laurianne Rossi pense qu’il faut surtout "réduire le bruit à la source" et donc "travailler sur la motorisation des avions, avec des moteurs moins bruyants, sur les trajectoires de vol, les dévier, par exemple des zones les plus habitées. Je rappelle que l'aéroport d'Orly, par exemple, est soumis à un couvre feu, donc pas d'avion la nuit. Voilà autant de mesures et je crois beaucoup à cela, c'est-à-dire réduire le bruit à la source plutôt que de s'engager dans des actions très coûteuses comme les murs antibruit qui sont souvent très moches et très coûteux."

La présidente du CNB, reconnaît que le bruit provoqué par les deux-roues et motos, est aussi un "fléau, en ville comme à la campagne". La député des Hauts-de-Seine a intégré dans la loi "plusieurs dispositions, notamment des radars sonores qui sont en cours d'expérimentation dans plusieurs villes qui arrivent bientôt.

"Des radars sonores, comme pour les excès de vitesse, pourront mesurer et sanctionner les deux-roues qui dépassent les seuils autorisés."

Laurianne Rossi, présidente du Conseil national du bruit

à franceinfo

"Nous serons l'un des premiers pays au monde à le faire", assure-t-elle. "Nous sommes regardés de très près par d'autres pays et donc ces radars seront bientôt déployés s'ils sont concluants dans les villes qui vont les tester."

Les plus fragiles sont plus exposés au bruit

Enfin, les auteurs de l'étude appellent à une prise en compte du rapport coûts/bénéfices des dépenses destinées à diminuer le bruit, estimant qu'investir dans une meilleure protection des Français face aux nuisances sonores pourrait, à terme, réduire le coût social global du bruit en France. Elle préconise notamment la réduction de la vitesse sur les voies rapides, le développement des ZFE (zones à faibles émissions), l'amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires et l'application d'une charte "chantier à faible nuisance".

Par ailleurs, "le bruit est un vrai marqueur d'inégalités sociales et le calme et le silence ne sont pas le privilège des plus riches dans notre pays. Et malheureusement, on voit souvent que ceux qui sont exposés à la fois au bruit et à la pollution de l'air sont souvent les plus fragiles dans notre société. Et ça, ce n'est pas acceptable", a souligné Laurianne Rossi.

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