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L'association Respire porte plainte contre la RATP pour dénoncer les niveaux de pollution dans le métro

La RATP est accusée par l'association de défense de l'environnement Respire de ne pas informer correctement les usagers du niveau "critique" de la pollution dans le métro. Faux, répond la RATP dans un communiqué qui détaille son "plan d'actions".

Article rédigé par franceinfo
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Le métro parisien le 17 octobre 2020. (ABDULMONAM EASSA / AFP)

Une plainte au pénal pour dénoncer les niveaux de pollution dans le métro parisien et "un manque d’informations fiables" est déposée mardi 23 mars contre la RATP par l'association de défense de l'environnement Respire, indique son directeur général à franceinfo. Les poursuites sont engagées par l’association pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires". La RATP est accusée de ne pas informer correctement les usagers du niveau "critique" de la pollution dans le métro.

"On a lancé cette action en désespoir de cause, parce que ça fait des années qu'on alerte sur la pollution dans le métro", a expliqué Olivier Blond, le directeur général de l'association Respire à franceinfo.

On a fait des études, des campagnes de mesures. Après avoir tout essayé, on va en justice. C'est parce que la RATP refuse de discuter avec nous.

Olivier Blond

à franceinfo 

En effet, avant de déposer cette plainte, l‘association Respire a entrepris deux campagnes de mesures dans plusieurs stations de métro. Ce qu’il en ressort c’est que les concentrations de particules fines, celles qui peuvent pénétrer profondément dans les poumons, sont à un niveau "préoccupant" avec des pics par endroit qui dépassent les seuils d’alertes pendant plusieurs minutes. Une des études, dont les résultats avaient été publiés en janvier, avait identifié des pics dépassant presque dix fois les seuils dans la station Alexandre Dumas, six fois à Trocadéro ou place d’Italie, selon l'association. L'avocate de l'association Respire, Julia Cancelier, "reproche à la RATP, un manque flagrant de transparence, voire une volonté de dissimulation", sur cette pollution dans les stations de métro.

Cette pollution résulte des frottements au moment du freinage des rames. D’après la plainte il s’agit de particules riches en métaux en fer et en carbone. L’association Respire considère que les "usagers sont exposés à des risques sanitaires considérables, et que la RATP s’abstient délibérément d’alerter sur les risques encourus" et elle "refuse de prendre les mesures qui s'imposent. Elle refuse de communiquer, d'informer les consommateurs". Pour Respire, "la Régie des transports est défaillante" dans la mise en place des mesures d'information.

Les mesures de pollution contestées par la RATP

Les mesures de la pollution réalisées par l'association Respire ont été contestées en janvier par la RATP, qui effectue ses propres mesures. Les mesures faites par la RATP "sont réalisées à l'aide d'appareils de référence régulièrement entretenus, par un laboratoire accrédité par le Cofrac (Comité français d'accréditation) et par des auditeurs externes", avait déclaré la Régie. "Toute autre mesure réalisée avec des capteurs portatifs, qui ne sont pas les appareils de référence, ne sont pas comparables aux mesures réalisées sur site", poursuivait la RATP. "Depuis avril 2018, les données sur la qualité de l'air sont consultables en temps réel depuis le site dédié concernant ces trois stations représentatives (Franklin D. Roosevelt Ligne 1, Châtelet Ligne 4 et Auber RER A) et très fréquentées", avait également rétorqué la RATP.

"Depuis plus de vingt ans, la RATP agit pour améliorer la qualité de l'air dans ses espaces souterrains."

RATP

communiqué

Des assertions répétées mardi matin dans un communiqué en réponse aux accusations de Respire. Le suivi de la qualité de l’air du réseau souterrain est "très scrupuleux et tout à fait transparent", rétorque la RATP. Son plan d’actions pour "surveiller, informer et améliorer la qualité de l’air dans ses espaces souterrains" est "solide et robuste", poursuit-elle. L’entreprise rappelle dans ce communiqué que les données de surveillance de la qualité de l’air et de l’environnement souterrain sont "consultables en temps réel, via un site dédié". Elle a mis en place des mesures "continues" couplées avec des "mesures ponctuelles, réalisées en différents points du réseau". "Plusieurs paramètres sont étudiés : paramètres climatiques (température, humidité relative), dioxyde de carbone, oxyde d’azote, particules fines…", détaille la RATP.

Plus de 85 M€ investis dans la ventilation depuis 2012

Par ailleurs, l’entreprise suit également les "recommandations" de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques pour réaliser ces mesures. Elle met en avant son "plan d’actions" pour améliorer la qualité de l’air, notamment dans les stations et gares. "Depuis octobre 2020, la RATP expérimente des solutions de freinage innovantes afin de réduire les émissions de particules à la source" et déjà en juin 2019 rappelle la RATP, le dispositif "IP’AIR" a été mis en place. C’est une solution "de traitement de l’air par ionisation positive, dans la station de métro Alexandre Dumas (Ligne 2). Les résultats de ces tests ont montré une réduction de 20 à 30% selon la taille des particules avec un rayon d’action des modules de l’ordre d’une dizaine de mètres", affirme la RATP. "Des travaux sont à mener aujourd’hui pour améliorer l’intégration (encombrement, bruit…) de tels dispositifs en souterrain".

L'entreprise doit aussi généraliser sur ses nouveaux trains "le freinage électrique" qui permet de diminuer les émissions de particules à la source, ce qui est déjà le cas sur les lignes 2, 5 et 9 du métro. "À court terme, les lignes 4, 14 et 11 du métro en bénéficieront, suivi de l’ensemble des lignes du métro parisien", assure l'entreprise. Enfin, un plan d’investissement a été engagé pour renouveler des ventilateurs, parmi les 340 qui sont présents dans les tunnels pour améliorer le renouvellement de l’air. Depuis 2012, plus de 85 millions d’euros ont été consacrés à investir dans la ventilation du réseau, indique la RATP.

Pour trancher le débat, la présidente d'Île-de-France Mobilités Valérie Pécresse a demandé à Airparif "une mission d'expertise sur le système de mesure de la qualité de l'air dans le métro parisien, pour s'assurer du bon état de fonctionnement des capteurs, ainsi que de la complétude des données recueillies et publiées".

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