L'ONG WWF dénonce 25 entreprises françaises qui détériorent les écosystèmes mondiaux
Neuf entreprises du CAC40 figurent ainsi dans la liste noire de WWF.
La grande distribution française met à mal l'environnement. WWF épingle les 25 entreprises françaises qui "impactent le plus les écosystèmes mondiaux", dans un rapport (PDF) publié mercredi 20 avril. L'ONG a étudié 16 matières premières "dont les modes d'exploitation menacent directement 35 écorégions prioritaires", comme l'Amazonie ou la Grande barrière de corail, afin d'établir cette liste.
"L’exploitation et la consommation des ressources naturelles renouvelables par l’homme exercent des pressions extrêmes sur la biodiversité", rappelle WWF. La population humaine consomme en effet chaque année l'équivalent de 1,6 fois les ressources naturelles que la planète peut renouveler sur la même période.
Parmi les 16 matières premières concernées, on trouve de l'huile de palme, du coton, du bœuf ou encore du caoutchouc. L'inventaire de WWF ne prend toutefois pas en compte l'impact de ces secteurs sur le climat ni sur les ressources en eau. "L’économie française compte des champions mondiaux dans ces secteurs particulièrement sensibles pour les écosystèmes, indique Pascal Canfin, directeur général de WWF France, sur le site de l'ONG. Ces entreprises figurent parmi les premiers acheteurs d'huile de palme, de soja, de coton, de bois tropicaux..."
La grande distribution pointée du doigt
Neuf entreprises du CAC40 figurent ainsi dans la liste noire de WWF. "Michelin est le deuxième acheteur mondial de caoutchouc naturel, issu de l’hévéa, et qui contribue à la déforestation", souligne l'ONG. Total est épinglé pour ses achats chaque année d'au moins 50 000 tonnes d'huile de palme. Saint-Gobain enregistre pour sa part "14 millions d'euros d'achat bois" par an.
Les enseignes de la grande distribution française sont toutefois les plus critiquées par le rapport. Carrefour, Système U, Auchan, Casino, E. Leclerc et Intermarché exploitent tous 14 des 16 filières qui posent problème. "Système U compte 20 000 tonnes de soja par an dans ses achats destinés aux aliments en marque propre", note ainsi WWF. "Les objectifs de restauration des écosystèmes, de '0 déforestation nette', de restauration des stocks de poissons (...) ne pourront pas être atteints si ces grandes entreprises françaises ne changent pas leurs pratiques", met en garde Pascal Canfin.
"Ces entreprises font partie de la solution"
WWF relève toutefois que certaines entreprises françaises se sont déjà engagées dans une "démarche positive" pour diminuer leur impact sur l'environnement. Michelin veut ainsi créer, en partenariat avec WWF, une filière d'hévéa durable afin de lutter contre la déforestation.
Autre secteur sensible dans lequel on constate une amélioration : la pêche. Carrefour propose désormais "plus de 50 références de poissons labélisés MSC, le standard qui assure que le poisson sauvage pêché l’est de manière soutenable". Intermarché a en outre mis un terme au chalutage en eau profonde, qui consiste à tracter un filet sur les fonds marins.
Selon WWF, l'économie française doit "produire mieux" afin de préserver l'intégrité des écosystèmes, la biodiversité ainsi que la sécurité alimentaire de la planète. "Ces entreprises ont une responsabilité particulière : si elles font partie du problème, elles font partie de la solution, insiste Pascal Canfin. Elles doivent agir maintenant."
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