La reconversion d’un port industriel grâce aux énergies renouvelables
Gros plan sur l’éolien offshore, une source d’énergie en plein développement. En France, plusieurs projets sont en cours, notamment au large de Fécamp et de Saint Brieuc, mais d’autres pays d’Europe ont pris une longueur d’avance. C’est le cas de l’Allemagne qui dispose d’un site-pilote en la matière, le port de Bremenhaven, au nord-ouest du pays.
Il y a encore quinze ans, Bremerhaven, l’un des plus grands ports d’Europe, était au bord de la faillite, avec des chantiers navals à l’agonie et 25% de chômage. Mais ces dernières années, la transition énergétique a permis la reconversion du site en capitale européenne de l’éolien offshore. Le long des quais, nous retrouvons l’historienne Rita Kellner-Stoll, de l’institut de recherche Fraunhofer : "Après la Seconde Guerre mondiale, Bremerhaven était le plus grand port de pêche de tout le continent européen. Aujourd’hui, il n’en reste quasiment rien ". En montrant le bâtiment en face d’elle, Rita explique, "c’est un ancien entrepôt pour la pêche. Il a été transformé en centre de formation pour l’énergie éolienne. C’est un beau symbole de la mutation que nous avons connue ".
Objectif 1.500 éoliennes d’ici cinq ans
A 100 km au large, sur les fonds sableux de la Mer du Nord, les parcs éoliens se multiplient depuis une dizaine d’années, avec l’appui des subventions publiques et des investisseurs privés. Nils Schlorrenberger est en charge du développement économique de la zone portuaire : "Cette reconversion a demandé beaucoup de travail. Nous avons pris conscience que la construction de bateaux n’avait plus d’avenir ici. Nous avons compris aussi qu’il fallait développer les énergies renouvelables, et investir pour cela ".
"Comme nous avons beaucoup de vent ici dans le nord de l’Allemagne, nous avons opté pour l’éolien. Aujourd’hui nous avons déjà une capacité d’environ 3.000 mégawatts. Si vous comptez cinq mégawatts par éolienne, ça fait 600 éoliennes déjà installées dans la Mer du Nord. Et notre objectif c’est d’arriver à 1.500 unités à l’horizon 2020 ", explique-t-il.
Coûts exponentiels
C’est tout un écosystème qui s’est développé ici autour de l’industrie offshore : constructeurs, unités de recherche, start-up, sous-traitants. Une multitude de métiers complémentaires. Exemple pour la maintenance des éoliennes en mer. Ce sont des équipes spécialisées qui s’en chargent, car les contraintes sont très particulières. Selon Matthias Brandt, qui dirige l’entreprise Deutsche Wind Technik, "les projets offshore en Mer du Nord sont assez difficiles d’accès, ils sont très éloignés des côtes, la mer peut être extrêmement agitée. Tout cela a un coût : il faut trois heures de trajet pour s’y rendre, il faut réussir à amarrer les bateaux aux éoliennes, nous avons un capitaine pour ça. Cela demande toute une organisation, et c’est vrai que par rapport à l’éolien terrestre, les coûts sont exponentiels ".
10% de la population
L’expertise locale est donc très utile. Et notamment pour les grands groupes internationaux présents ici. C’est le cas du Français Areva, qui conçoit sur place des machines spécialement dédiées au offshore. Le prototype de l’éolienne M5000 est testé sur terre, à Bremerhaven.
Pour relever les défis technologiques du offshore et se développer sur le marché européen, la filiale Areva Wind vient de fusionner avec l’espagnol Gamesa. Désormais baptisée AdWen, l’entreprise qui emploie déjà 500 personnes à Bremerhaven va poursuivre son développement ici.
L’éolien emploie déjà 2.500 personnes, soit 10% de la population de la ville. Un chiffre que les autorités locales aimeraient multiplier par quatre. Le potentiel est énorme pour les prochaines années car le gouvernement fédéral a décidé de soutenir encore davantage le développement de la filière offshore.
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