Le Japon s'est réjoui vendredi du rejet d'une interdiction du commerce du thon rouge d'Atlantique Est et de Méditerranée
Consommateur n.1 de l'espèce (80% des thons rouge pêchés sont mangés au Japon, notamment en sushi), Tokyo a mené un intense lobbying pour convaincre les pays en développement de voter contre la résolution.Celle-ci a été rejetée par une large majorité à la réunion de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES).
Consommateur n.1 de l'espèce (80% des thons rouge pêchés sont mangés au Japon, notamment en sushi), Tokyo a mené un intense lobbying pour convaincre les pays en développement de voter contre la résolution.
Celle-ci a été rejetée par une large majorité à la réunion de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES).
"C'est bien !", s'est félicité le Premier ministre nippon Yukio Hatoyama vendredi, quelques heures après le rejet de la résolution. "Cela signifie que les importations de thon rouge vont continuer pour l'instant, et je pense que c'est bien que son prix n'augmente pas davantage", a souligné le Premier ministre.
Le Japon ne s'approvisionne pas uniquement dans l'Atlantique et pêche davantage dans l'Océan Pacifique (25.000 tonnes contre 19.000 tonnes par an). En outre, le thon rouge n'est qu'une espèce de thonidé, la plus prisée, et le thon rouge de l'Atlantique Est et de la Méditerranée ne représente qu'environ 10% de la viande de thon consommée dans l'archipel, selon les experts. Mais Tokyo s'inquiétait qu'une interdiction votée à Doha s'étende ensuite aux autres océans et autres espèces de thons.
Les Etats-Unis ont déploré un "revers" pour la protection du thon rouge.
Jeudi à Doha, la conférence sur le commerce des espèces menacées a rejeté la suspension des exportations de thon rouge. Monaco avait proposé d'inscrire cette espèce de thon à haute valeur commerciale à l'Annexe I de la Convention internationale sur le commerce des espèces sauvages menacées (CITES) afin de la protéger de la surpêche. En vain.
La proposition de Monaco, destinée à interdire le commerce international de thon rouge a donc été rejetée par 68 voix, contre 20 favorables et 30 abstentions.
La proposition européenne, qui prévoyait un délai d'inscription à l'Annexe I, a également été rejetée par 72 voix contre 43 et 24 abstentions.
L'UE, qui a voté pour sa proposition, s'est en revanche abstenue dans le vote sur la résolution de Monaco, a souligné un expert européen à l'AFP sous couvert de l'anonymat.
La conférence est passée rapidement au vote sur proposition de la Libye, qui a court-circuité les amendements que proposait d'apporter Monaco, ainsi que l'offre européenne, soutenue par la Norvège notamment, d'ouvrir un débat en groupe de travail. "J'espère un débat autour des arguments scientifiques et éviter qu'on passe brutalement au vote", avait confié le représentant de la principauté de Monaco avant le début de la réunion.
"C'est très décevant et très irresponsable", a jugé de son côté Sue Lieberman, directrice des politiques internationales du PEW Environment Group, basé à Washington, qui a regretté que "l'avenir du thon rouge soit désormais renvoyé dans les mains de l'ICCAT", la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, qui réunit les pays pêcheurs.
La déception de Bruxelles
La Commission européenne a déploré jeudi le refus de la conférence de la CITES de suspendre les exportations de thon rouge d'Atlantique-Est et de Méditerranée. "Nous sommes déçus par la décision de la CITES de rejeter la proposition de l'Union européenne", ont déclaré les commissaires à l'Environnement Janez Potocnik et à la Pêche Maria Damanaki dans un communiqué commun.
"Nous regrettons que les autres parties à la convention n'aient pas été convaincues, mais l'UE reste déterminée à préserver le thon rouge et attend de l'ICCAT (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique qui réunit les pays pêcheurs) qu'elle prenne ses responsabilités", ajoutent les deux commissaires. "Il y a une réelle menace que le thon rouge soit menacé de disparition", ont-ils averti.
Graphique interactif sur le thon rouge d'Atlantique Est et de Méditerranée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.