Le manque de coordination régnait samedi sur l'aéroport de Port-au-Prince dont les Américains ont pris la charge
Un mini-incident diplomatique a été évité de justesse samedi entre Paris et Washington à l'aéroport de la capitale, dont les Etats-Unis se sont vus confier la gestion par Haïti depuis vendredi.
Un vol humanitaire français apportant un hôpital de campagne a été empêché d'atterrir et le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet a protesté.
"Comme il y a des arrivées qui s'intensifient, il faut qu'(avec les Américains) on puisse déterminer quelles sont les priorités. Peut-être qu'il y a un manque d'arbitrage ou de discernement. En tous cas, il n'est pas normal qu'un avion qui contient un hôpital de campagne ne puisse pas atterrir", a déclaré sur France Info le secrétaire d'Etat à la Coopération Alain Joyandet, qui est sur place.
Alors qu'il assurait avoir élevé une protestation officielle auprès de l'ambassadeur des Etats-Unis, des sources proches du Quai d'Orsay ont calmé le jeu en assurant qu'il n'en était rien.
"On décide en coordination avec l'ONU et les Haïtiens", a expliqué pour sa part l'ambassadeur américain en Haïti, Kenneth Merten, en rappelant la nécessité de hiérarchiser les priorités: "il est clair qu'il y a un problème", a-t-il reconnu. Il a mis néanmoins en avant le fait qu'en 24 heures les Américains ont été capables de rendre utilisable l'aéroport, dont la tour de contrôle a été touchée par le séisme.
Samedi matin, le président haïtien René Préval avait été le premier à regretter qu'un avion français apportant un hôpital de campagne n'ait pas pu atterrir.
Pour Michel Chanzy, qui dirige un comité chargé de coordonner la distribution almentaire, "les Haïtiens ne sont pas avertis de l'arrivée des avions" et le résultat est qu'"il n'y a pas de prise en charge" lorsqu'ils atterrissent.
Selon le département d'Etat américain, 90 mouvements d'avions sont prévus par jour désormais, capacité maximale pour ce petit aéroport qui a été rapidement saturé face à l'afflux de l'aide internationale.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton était en route pour Haïti samedi, pour observer la coordination des secours de ses propres yeux, apporter une aide matérielle et rencontrer le président haïtien René Préval.
L'aéroport de Port-au-Prince est endommagé
La piste longue de 9.000 pieds du petit aéroport de Port-au-Prince, et qui peut accueillir des avions gros-porteurs, a été relativement épargnée par le séisme. En revanche, la tour de contrôle a été sérieusement endommagée et la capacité d'accueil limitée du trafic aérien retarde l'arrivée des secours.
Certains appareils ont été obligés de patienter plusieurs heures en l'air avant de se poser, au risque de manquer de kérozène, tandis que d'autres ont dû être déroutés. Le chargement des avions n'était pas débarqué suffisamment rapidement et encombrait le tarmac, empêchant l'atterrissage de nouveaux aéronefs.
L'armée de l'air américaine travaille depuis mercredi avec les autorités haïtiennes et avec une équipe de l'Administration de l'aviation civile (FAA) pour rétablir les systèmes de navigation et de communication. Ils travaillent également à la gestion des avions au sol et à l'organisation des atterrissages.
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