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Loi de transition énergétique : le nucléaire dans le collimateur de Royal

C’est l’un des enjeux majeurs du quinquennat de François Hollande. Après des mois de débats et d'intenses tractations, la loi de transition énergétique est présentée ce mercredi en Conseil des ministres. Une loi qui doit décider de l’avenir énergétique de la France pour les prochaines décennies : quelle part pour le nucléaire , quelle part pour les renouvelables ?
Article rédigé par franceinfo
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  (La centrale de Fessenheim est le plus ancien site nucléaire du territoire © maxppp)

Cette loi de transition énergétique, présentée mercredi en Conseil des ministres, doit préciser comment la France va faire pour faire baisser la part du nucléaire de 75 à 50 % d’ici 2025 dans notre production d’électricité. Le texte, élaboré après des mois de débats et d'intenses tractations, n’écrit pas noir sur blanc qu’il faut fermer 22 réacteurs nucléaires, mais il ne parle même pas de Fessenheim. Pourtant, la loi borde sacrément les choses. Elle précise que la part du nucléaire doit baisser comme prévue et elle fixe un plafond de production. En plus, cette loi prévoit que la consommation baisse mathématiquement. Par conséquent, il ne reste pas beaucoup d’autres choix que fermer des centrales. 

Reste à savoir comment EDF va remplir ces objectifs. L’entreprise devra donner sa stratégie dans la foulée du vote de la loi. La question se posera si l’entreprise ne veut pas fermer de centrale. Alors qui aura le dernier mot ? Il y a de longs débats pour que l’Etat garde un filet de sécurité et puisse fermer une centrale pour raison stratégique ou ne pas autoriser sa prolongation au-delà de 40 ans mais a priori cette disposition a été abandonnée.

L'ambition du renouvelable

En revanche, la loi de Ségolène Royal ne donne pas vraiment de coup d’accélérateur aux énergies renouvelables. Elle ne change pas fondamentalement les règles du marché de production de l’éolien et du solaire. Elle donne un peu plus de latitude aux régions et aux communes pour monter des projets. Pour Raphael Claustre, du réseau associatif pour la transition énergétique, cette loi devrait tout de même permettre de lever quelques freins.

Un service public de proximité de l’efficacité énergétique, un chèque vert pour les ménages précaires y compris ceux qui se chauffent au bois et au fioul. Le développement de sept millions de bornes de recharge pour les véhicules électriques, la possibilité de faire une circulation alternée dans d’autres villes que Paris en cas de pic de pollution. Plusieurs petits pas de cette loi qui pour les écologistes vont dans le bon sens.

Encore loin du compte pour les associations

Mais les critiques commencent à fuser contre le projet que certains n’estiment pas à la hauteur des ambitions. Les associations estiment qu’on est encore loin du compte même si elles sont rassurées de voir qu’il y a toujours les grands objectifs de baisser de la consommation d’énergie de 50 % d’ici 2050 et de développer les énergies renouvelables à 32 % en 2030.

Le problème est que le gouvernement ne met pas beaucoup d’argent étant donné le contexte économique. Il ne veut pas taxer ce qui est plus polluant parce que ce n’est pas socialement acceptable et il n’a pas de gros moyens pour subventionner les bonnes pratiques. Et d’ailleurs, Nicolas Hulot, invité mercredi matin sur France Info, n’est pas vraiment d’accord avec Ségolène Royal sur l’écologie punitive des taxes.

Quels seront les financements ?

La question des financements de la transition énergétique reste le nerf de la guerre. Même si cette loi lève quelques freins, fixe des objectifs, c’est dans les lois de finances que l’on trouvera les moyens aussi d’aider les particuliers à faire de vraies économies d’énergies et à ceux qui veulent se lancer dans les énergies renouvelables de vraiment se développer.

Par ailleurs, Ségolène Royal a annoncé que le gouvernement donnera sa décision la semaine prochaine au sujet de l'écotaxe.

Quelques mesures pratiques

La ministre a annoncé qu'en cas de travaux de ravalement de toiture, et d'aménagement de nouvelles pièces, les propiétaires seront obligés de réaliser des travaux de rénovation énergétique. Les travaux engagés entre le 1er septembre 2014 et le 31 décembre 2015 bénéficieront d'allégement fiscal à hauteur de 30% du montant. L'éco-prêt à taux zéro sera relancé à partir du 1er juillet 2014. Un "chèque énergie" sera mise en place pour les ménages les plus modestes afin de payer les fournisseurs d'énergie ou capitaliser pour réaliser des travaux. Des sociétés régionales seront créées pour faire l'avance du coût des travaux.

 

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