Reportage "Il n'y a pas une once de violence dans ce qui s'organise" : avant de manifester, des militants anti-bassines se réunissent dans les Deux-Sèvres

Un an après Sainte-Soline, les militants anti-bassines protestent vendredi contre un nouveau projet, à Migné-Auxances, en banlieue de Poitiers (Vienne). Le convoi part du "village de l'eau", à Melle, dans les Deux-Sèvres, sous haute surveillance policière.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des gendarmes à cheval empêchent les manifestants d'aller dans les champs, à Saint-Martin-lès-Melle (Deux-Sèvres), alors qu'ils se dirigent vers Saint-Sauvant (Charente-Maritime) pour protester contre le projet de mégabassines. (ROMAIN PERROCHEAU / AFP)

Un an et demi après la violente manifestation de Sainte-Soline, les militants anti-bassines se retrouvent à nouveau pour protester contre ces retenues d’eau agricoles. Cette fois, ils se donnent rendez-vous vendredi 19 juillet à Migné-Auxances, en banlieue de Poitiers, dans la Vienne, où l’une de ces bassines est en projet. Le convoi part du "village de l’eau" où se sont installés une partie des militants, à Melle, dans les Deux-Sèvres. Le tout, sous haute surveillance.

Contrôles policiers XXL

Plus de 3 000 policiers et gendarmes sont mobilisés et ont quadrillé la zone. Des contrôle sont effectués à la descente du train, dans les gares à Niort ou Poitiers, ou sur les routes en arrivant à Melle. Dans les airs, des hélicoptères survolent ce "village de l'eau", avec ses chapiteaux, ses campings et ses restaurants. "C'est un petit festival !", s'exclame un participant. 

Ce déploiement des forces de l'ordre XXL amuserait presque Julie. "Il y a quand même une dichotomie entre ce qui est vécu par la préfecture, qui dit qu'il y a eu 400 objets qui ont été saisis. En fait, dans les objets qui ont été saisis, une copine me disait qu'ils ont saisi le casque anti-bruit de sa fille, une autre s'est fait saisir les cales de sa caravane, une autre ses gants de jardin, énumère la manifestante. Moi je pense que c'est une stratégie pour essayer de faire monter la pression, pour essayer de faire apparaître le rassemblement comme violent."

"Si vous êtes sur le site depuis plusieurs jours, vous voyez bien qu'il n'y a pas une once de violence dans ce qui s'organise."

Julie, militante anti-bassine

à franceinfo

La principale revendication de ceux qui participent au convoi : un moratoire et une pause dans les projets de bassines. Pour Francis, ces retenues d'eau sont une aberration. "Pour nous, c'est un accaparement de l'eau par une minorité d'agriculteurs. Là, sur la bassine de Sainte-Soline, c'est seulement 12 agriculteurs. On se rend bien compte que ces bassines, quand elles ont été créées ailleurs comme en Espagne par exemple, on n'a plus les moyens de les remplir puisque les nappes phréatiques ne fournissent plus d'eau. La seule chose pour apaiser les choses et retrouver le dialogue, c'est ce moratoire."

"Quand la Ligue des droits de l'homme dit que l'usage des armes a été disproportionné à Sainte-Soline, il faut l'entendre."

Sylvain Griffault, maire de Melle

à franceinfo

Le maire de Melle, Sylvain Griffault, prône justement le dialogue. C'est lui qui a permis aux anti-bassines de s'installer dans sa commune. Et certains agriculteurs l'accusent de jeter de l'huile sur le feu. "Ce qu'il s'est passé à Sainte-Soline l'année dernière est dramatique. Mais je crois qu'il faut regarder des deux côtés de la violence. Il y a eu, effectivement, une violence des gens qui s'étaient infiltrés parmi cette manifestation très familiale, et il y a aussi une violence institutionnelle qu'a dénoncé la Ligue des droits de l'homme." La Ligue des droits de l’homme a d'ailleurs déployé une cinquantaine d’observateurs pour suivre ces manifestations.

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