Microplastiques en France : "Ils sont essentiellement issus d'emballages", indique Roland Marion, directeur Économie circulaire de l’Ademe

Le directeur Economie circulaire de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, Roland Marion, était invité de "franceinfo soir", jeudi.
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Bouteilles en plastique à Carantec, en Bretagne. (NICOLAS CREACH / MAXPPP)

La pollution aux microplastiques qui touche les trois quarts des sols français est causée par "les emballages", indique Roland Marion, directeur Économie circulaire de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), invité de franceinfo, jeudi 26 décembre. Dans une étude publiée jeudi, l'Ademe a mis en lumière pour la première fois l'importance de cette pollution.

franceinfo : Trente-trois échantillons ont été prélevés dans des champs, des vignes, des vergers, des forêts en France. Est-ce que cela veut dire que l'on trouve du plastique presque partout ?

Roland Marion : À peu près partout. Dans 75% des échantillons qui ont été analysés, on retrouve des microplastiques. Alors 33 échantillons, ce n'est pas très grand en termes de volume des échantillons, mais c'est quand même 75% de ces échantillonnages qui montrent des microplastiques. Ça veut dire qu'on le retrouve dans nos sols agricoles en grande quantité et on le retrouve aussi en moindre quantité dans les forêts, par exemple dans les prairies.

Quinze petites particules par kilo de sol, ça représente quoi une grosse motte de terre. Est-ce qu'on connaît l'origine de ce plastique qui se réduit au fil du temps en petites paillettes ?

On trouve essentiellement du polystyrène, du polyéthylène, du polypropylène, du polyéthylène téréphtalate. Et derrière ces mots un peu savants se cache en fait tout ce qui est emballage. Et derrière ces mots un peu savants, on retrouve en fait des plastiques qui sont essentiellement issus d'emballages : des emballages qui se fragmentent dans les sols pour passer de 1 centimètre à 5 millimètres puis à 2 millimètres.

Est-ce que les terres agricoles sont celles qui sont le plus contaminées par ces microplastiques ?

Dans notre échantillonnage, oui, parce que les sols qui ont été analysés sont des sols qui ont été l'objet de fertilisants organiques, donc qui viennent de filières de collecte sélective de biodéchets en particulier, qui ont vocation à retourner aux champs. Ce sont les terres dans lesquelles, dans notre analyse, on retrouve le plus de microplastiques.

On a parlé de l'origine de ces plastiques. Quel est leur parcours ?

Il faut que l'on fasse attention à ne pas mettre n'importe quoi avec nos biodéchets, en particulier si on met du plastique au milieu des biodéchets parce qu'on considère que c'est plus facile à faire.

Il faut donc bien faire le tri. Mais ensuite, une fois que les plastiques sont mélangés par exemple aux autres matières, comment se déplacent-ils ? Par l'eau, par l'air ?

Ils restent dans le substrat organique et se décomposent en fractions de plus en plus petites. Là, on parle de micro, mais on a aussi des nano plastiques. Au fur et à mesure de leur décomposition, ils sont de plus en plus petits.

"Quand on trie, il faut faire attention à bien trier pour envoyer la bonne matière au bon endroit."

Roland Marion

à franceinfo

Qui a la clé, selon vous, entre les pouvoirs publics et les industriels ?

Un peu tout le monde. D'abord le consommateur. Il doit faire attention à son geste de tri. Il doit comprendre que la matière qu'il va trier, c'est la matière qui a vocation à avoir une seconde vie. Et donc, à ce titre-là, il faut qu'il fasse les choses de la manière la plus efficace possible. Et puis derrière, il y a des industriels, ceux qui utilisent le plastique, mais qui peuvent pour beaucoup s'en passer, et des industriels de gestion du déchet qui peuvent améliorer leur processus de traitement pour séparer toujours plus de plastique de la fraction organique qui retournera au sol. Donc c'est une question un peu collective et qui peut toucher aussi la réglementation.

Dans les hypothèses de cette contamination plastique des sols agricoles, il y a les résidus issus du paillage plastique, ces grandes bâches qu'on étend sur les champs pour empêcher les mauvaises herbes de pousser notamment. Est-ce qu'on peut améliorer les choses ?

Ces films agricoles se recyclent bien. Mais pour qu'ils se recyclent bien, il faut bien les collecter. Quand on les enlève du sol, il ne faut pas laisser de morceaux de plastique qui vont devenir des microplastiques.

Est-ce qu'on ne peut pas imaginer, par exemple, des matériaux biodégradables, des bâches biodégradables ?

Si, bien sûr. L'équation c'est : un plastique qui vient de la biomasse et qui peut redevenir de la biomasse, c'est une question qui a de l'avenir, mais qu'on ne maîtrise pas encore complètement aujourd'hui. On n'a pas encore de plastiques issus de la biomasse qui soient 100% biodégradables.

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