Négociations pour un traité contre la pollution plastique : la consommation est "l'angle mort" de ces négociations, soutient une spécialiste
"Il y a un gros trou dans la raquette, un gros angle mort, c'est la consommation", soutient lundi 25 novembre sur franceinfo Nathalie Gontard, directrice de recherche à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), alors que s'ouvre en Corée du Sud le cinquième et dernier cycle des négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique.
Nathalie Gontard met en cause notre "utilisation massive" du plastique, d'autant que "la consommation de plastique est strictement proportionnelle au PIB d'un pays". "Plus on est riche, plus on consomme de plastique", précise cette spécialiste. Elle rappelle d'ailleurs que ce matériau "est très persistant, sur des siècles, voire des millénaires" et représente une "toxicité" aussi bien "sur notre santé et que sur notre environnement".
Du décyclage plus que du recyclage
Pour freiner cette utilisation massive du plastique, Nathalie Gontard considère que "c'est d'abord aux secteurs industriels de proposer des biens et des services avec le strict minimum de plastique". Elle regrette d'ailleurs que cet "objectif n'ait jamais été posé par les acteurs politiques aux acteurs économiques". "C'est une question qui est encore totalement absente de ces négociations", déplore la directrice de recherche à l'Inrae. La spécialiste du plastique en appelle également aux consommateurs et à leur "bon sens", afin de changer leurs habitudes, comme celui "d'acheter des fruits dans des sachets plastiques".
Nathalie Gontard affirme par ailleurs que, contrairement à ce qui peut être mis en avant par certaines marques, "le plastique fondamentalement ne se prête pas au recyclage". Il s'agit en effet, selon cette experte, plus de "décyclage", c'est-à-dire quand "on utilise les déchets plastiques pour fabriquer un autre objet". Or cela "n'a rien d'écologique parce que ces objets vont continuer à se dégrader et donc à polluer", assure-t-elle. Nathalie Gontard explique en effet que "les objets décyclés remplacent des matériaux qui ne posent pas de problèmes environnementaux comme le bois, la laine et affaiblissent leur filière". Elle estime que cette pratique a tendance à "rassurer le consommateur" et donc "l'incite à consommer" encore du plastique.
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