Pesticides : la pollution des eaux est "très sous-estimée" faute de surveillance, selon l'ONG Générations futures

D'après l'association écologiste, des dizaines de métabolites, des molécules issues de la dégradation des pesticides et potentiellement toxiques, ne font l'objet d'aucun suivi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des métabolites toxiques peuvent contaminer les zones de captage d'eau potable, alerte Générations futures. (JEAN-MARC BARRERE / HANS LUCAS / AFP)

"C'est complètement incompréhensible et scandaleux", s'alarme Générations futures. La pollution des eaux en France est "très sous-estimée" car des dizaines de métabolites de pesticides, molécules issues de leur dégradation et potentiellement toxiques, ne font l'objet d'aucune surveillance, dénonce un rapport publié mardi 15 octobre par l'ONG. Selon Pauline Cervan, toxicologue au sein de l'association, "71% des métabolites de pesticides officiellement à risque de dépasser la norme pour l'eau potable que nous avons identifiés n'ont fait l'objet d'aucun suivi dans les eaux souterraines ou l'eau potable ces dernières années".

Les métabolites sont des molécules issues de la dégradation de substances chimiques, telles que les pesticides, qui peuvent se retrouver ensuite dans les sols, les eaux de surface et les eaux souterraines, avant de contaminer les zones de captage d'eau potable.

L'ONG affirme avoir identifié 56 métabolites de pesticides n'ayant fait l'objet d'aucun suivi alors qu'ils risquent de contaminer les eaux souterraines à des concentrations supérieures à 0,1 microgramme par litre (µg/l), soit la limite réglementaire, selon leur analyse de travaux de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). "La façon dont les agences régionales de santé sélectionnent les substances à suivre ne permet pas d'inclure de nouveaux métabolites dans les contrôles", s'indigne Pauline Cervan.

Douze métabolites "particulièrement à risque"

"Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque", affirme l'association, dont l'acide trifluoroacétique (TFA), une molécule très persistante. Le TFA est issu de la dégradation de certains "polluants éternels", les Pfas, qui sont des substances présentes dans des pesticides, des gaz réfrigérants, des revêtements anti-adhésifs de poêles, des mousses anti-incendie ou des cosmétiques, et particulièrement dans les rejets des usines qui les produisent.

"Les autorités françaises ne peuvent pas ignorer les risques de contamination des eaux souterraines par le TFA", alerte l'ONG, arguant de la proposition d'une agence sanitaire allemande de classer le TFA comme toxique pour la reproduction.

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