Après la condamnation de Monsanto, José Bové veut "qu'on aille beaucoup plus vite" dans l'interdiction du glyphosate
L'eurodéputé Europe-Écologie Les Verts demande qu'on arrête de vendre "ces produits de mort".
Monsanto a été condamné, vendredi 10 août, à verser 289 millions de dollars (253 millions d'euros) à un jardinier américain tombé gravement malade après avoir utilisé deux de leurs désherbants. Dewayne Johnson est atteint d'un cancer incurable et un jury populaire de San Francisco a déclaré le géant des pesticides et herbicides responsable de sa maladie. Une décision qui relance le débat sur l'interdiction du glyphosate.
"Je voudrais qu'on aille beaucoup plus vite et beaucoup plus loin et qu'on annonce clairement une date d'interdiction de l'utilisation et de la vente de glyphosate sur le territoire français", réagit José Bové, eurodéputé Europe-Écologie Les Verts (EELV).
franceinfo : Que pensez-vous de cette condamnation ?
José Bové : Je me félicite de ce jugement comme tous les opposants à Monsanto, au Roundup et au glyphosate, parce que ce n'était pas gagné d'avance. Monsanto a tout fait pour faire traîner en longueur ce procès et heureusement qu'il y a eu la ténacité de ce jardinier américain. C'est une formidable victoire.
Monsanto fait appel de ce jugement. En France, le groupe a été condamné en 2012, mais le jugement a été cassé il y a un an. Monsanto a l'habitude de faire traîner les procédures ?
Cela fait des années que Monsanto sait que son produit est dangereux, ils ont essayé de la cacher, mais dans ce procès des preuves ont montré qu'ils savaient que le produit était dangereux. On a des industriels voyous qui savent que leurs produits sont dangereux pour la santé et la biodiversité, qui continuent à en faire le commerce et qui refusent d'assumer leurs responsabilités. Là, ils sont enfin pris la main dans le sac. Ce jugement va faire date, même si Monsanto a fait appel. Monsanto a refusé de venir devant une commission parlementaire en disant qu'il n'en avait rien à faire du Parlement européen.
Il y a 5 000 procès potentiels aux États-Unis contre Monsanto. Qu'attendez-vous maintenant ?
J'espère que les États et l'Union européenne vont prendre l'ensemble de la responsabilité de la situation. On a parlé en France d'arrêter le glyphosate dans trois ans. Après ce résultat, ce n'est pas dans trois ans, mais dans un an qu'il faut arrêter le glyphosate et qu'il n'y ait surtout aucune possibilité de dérogation. On voit bien les lobbys en train de dire que pour tel type de production ils ne peuvent pas se passer de glyphosate. C'est un mensonge éhonté. J'en appelle à la grande distribution en lui disant d'étiqueter les produits sans glyphosate. Il faut qu'il y ait une pression des citoyens, des paysans responsables pour qu'on arrête de vendre ces produits de mort.
Vous demandez au gouvernement d'aller plus loin. Mais la France est plutôt en pointe dans ce combat. Que souhaitez-vous vraiment ?
Quand il y a eu le débat européen sur le glyphosate, la majorité des États étaient pour qu'il y ait un renouvellement, certains voulaient 15 ans d'autres 10 ans, au final au niveau européen c'est cinq ans. Malheureusement, on ne sait pas ce qu'il va se passer dans quatre ans puisque le Roundup pourra à nouveau être réutilisé au niveau européen. Donc, les produits italiens, espagnols ou autres pourront utiliser du glyphosate, même quand la France l'aura interdit dans trois ans. Je voudrais qu'on aille beaucoup plus vite et beaucoup plus loin et qu'on annonce clairement avec une date, claire et nette, l'interdiction de l'utilisation et de la vente du produit sur le territoire français. Qu'on arrête de nous dire que, si on arrête le glyphosate, il va y avoir une distorsion de concurrence avec des pays qui eux ne l'interdisent pas. La question de la santé est une question trop importante pour la laisser aux mains de marchands qui veulent continuer à faire du business.
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