Glyphosate : "Certains États membres mettent l'intérêt de l'industrie avant les prérogatives de santé"
Marc Tarabella, eurodéputé belge PS, membre de la Commission de l'agriculture et du développement rural a condamné le "spectacle affligeant" de l'Union européenne qui "patauge, qui ne décide pas" au sujet du glyphosate.
Les États membres de l'Union européenne n'ont pas trouvé d'accord sur la prolongation de cinq ans du glyphosate, le pesticide jugé "cancérigène probable" par l'Organisation mondiale de la santé. La Commission européenne soumettra à nouveau au vote cette proposition le mois prochain.
Une solution doit être trouvée avant le 15 décembre, date à laquelle prend fin la licence du glyphosate sur le territoire de l'UE. "Certains États membres mettent l'intérêt de l'industrie avant les prérogatives de santé", s'est indigné Marc Tarabella, eurodéputé belge PS, membre de la Commission de l'agriculture et du développement rural, invité de franceinfo jeudi 9 novembre.
franceinfo : le bras de fer dure depuis deux ans. Voyez-vous une issue avant cette date limite du 15 décembre ?
Marc Tarabella : Le spectacle donné par le Conseil européen est affligeant. Dans un problème aussi grave que celui-là qui concerne la santé de 500 millions de citoyens européens, c'est le Conseil, c'est-à-dire l'ensemble des gouvernements, qui n'a pas de position claire, qui patauge, qui ne décide pas. Et du coup, c'est la Commission qui va peut-être prendre seule l'initiative. Je rappelle que le Parlement européen a décidé, à Strasbourg il y a à peine deux semaines, de sortir du glyphosate avec une période de sortie qui soit de cinq ans. Personnellement j'aurais souhaité trois ans, mais il est clair que la sortie immédiate serait illusoire. Il ne faudrait pas précipiter les agriculteurs vers d'autres pesticides qui seraient peut-être plus néfastes. L'intérêt est d'accompagner vers d'autres modes de cultures qui fassent en sorte qu'on diminue la quantité de pesticides utilisés, qu'on aille vers d'autres modes de production plus respectueux de l'environnement, mais malheureusement, le Conseil n'arrive pas à décider.
Comment peut-on avoir des positions aussi différentes parmi les États membres ?
Parce que certains États membres sont plus soucieux de la santé des citoyens. Et certains États membres mettent l'intérêt de l'industrie avant les prérogatives de santé. C'est un sujet fondamental sur lequel on aimerait une réaction européenne sensible à l'intérêt des citoyens. L'Europe qui patine, c'est une fois de plus les 28 capitales européennes qui n'arrivent pas à se mettre d'accord.
Cette situation peut-elle durer encore longtemps ?
En tout cas, le 15 décembre, il y a une épée de Damoclès, il y a une issue, une date d'échéance. Il faut décider avant.
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