Pesticides : le plan Ecophyto 2030 "détricote les quelques acquis obtenus ces 15 dernières années", estime un collectif
"Ce nouveau plan Ecophyto détricote les quelques acquis obtenus ces 15 dernières années", a réagi vendredi 3 mai sur franceinfo Michel Besnard, président du Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest, alors que le plan Ecophyto 2030, la nouvelle stratégie française de réduction du recours aux pesticides, dont l'élaboration a été mise en "pause" au plus fort de la crise agricole, sera présentée lundi, comme l'a annoncé Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture.
Michel Besnard rappelle que le collectif "reçoit régulièrement des appels au secours", notamment de riverains d'exploitations, "qui sont catastrophés sur ce décalage entre toutes les études sur les conséquences de l'utilisation des pesticides sur la santé, sur la biodiversité, et ces décisions qui font comme si toutes ces constatations n'existaient pas".
Un "tour de passe-passe"
Le président du collectif voit dans l'annonce du ministre "un déni de réalité". Vendredi sur franceinfo, Marc Fesneau a dit ne pas comprendre "au nom de quoi on demanderait à l'agriculture de supprimer des molécules qui ne sont pas à risque" pour les sols et la santé. Michel Besnard affirme que le collectif est "sans arrêt sollicité par des professionnels qui sont rattrapés par les maladies après avoir utilisé des pesticides pendant des dizaines d'années dans leur activité professionnelle".
Michel Besnard dénonce un "tour de passe-passe" du gouvernement qui a acté l'abandon de l'indicateur Nodu, indicateur de référence pour mesurer la réduction d'usage des pesticides, défendu par les associations environnementales, au profit de l'indicateur européen HRI-1 qui priorise les molécules les plus dangereuses. "Il n'y a pas de pesticides de synthèse qui soit sans risque", affirme le Collectif de soutien aux victimes de pesticides de l’Ouest. Le changement d'indicateur revient à "se dire que l'objectif, qui n'a jamais été atteint depuis 2008, va être atteint artificiellement en changeant de thermomètre, en changeant d'indicateurs de mesure".
Michel Besnard rappelle qu'il y a "30 ans, l'Atrazine, le Lindane, le Gramoxone, l'Herbogil, ce n'était pas dangereux. Aujourd'hui, ils sont interdits depuis longtemps et on constate tous les jours leur rémanence et leur persistance dans le sol et dans l'eau". "Ce qui est déclaré comme non dangereux aujourd'hui se révélera demain comme très dangereux et sera remplacé par une autre molécule", alerte encore Michel Besnard.
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