Nouvelle plateforme pour les victimes de pesticides : "Un moyen de mutualiser les efforts des uns et des autres", souligne Corinne Lepage
"Cette plateforme [d'action collective des riverains victimes de pesticides] est un moyen de mutualiser les efforts des uns et des autres, d'avoir beaucoup de plaintes", estime l'avocate Corinne Lepage, sur France Bleu Berry mardi 21 mai. L'ancienne ministre de l'Environnement a lancé une action collective pour les riverains qui habitent à côté de champs traités avec des produits phytosanitaires.
"Dans ce qu'on appelle le domaine de la santé environnementale, il y a énormément à faire. Nous ne disposons pas en France du même système de l'action de groupe qui existe aux États-Unis, donc cette plateforme est un moyen de mutualiser les efforts des uns et des autres, d'avoir beaucoup de plaintes, ce qui fait que chacun se sent moins 'visé', si je puis dire, à l'extérieur, car il faut se rendre compte que beaucoup de ceux qui ont rejoint la plateforme sont des gens qui ont un peu peur de se manifester en tant que victimes", explique Corinne Lepage.
Un site Internet est dédié à l'action collective. Un "minimum de 100 personnes" doit participer pour qu'une requête soit officiellement déposée devant un tribunal. 10% des plaignants se sont d'abord rassemblés, puis davantage. La semaine dernière, il y avait "une vingtaine" de plaignants inscrits sur la plateforme. Aujourd'hui, "le nombre s'est considérablement accru depuis, pas loin du double". Preuve pour Corinne Lepage que "le problème est indiscutable".
Aujourd'hui, des règles existent déjà : il est interdit d'épandre en France à moins de cinq ou dix mètres des maisons, mais "c'est très faible", estime Corinne Lepage.
"Une étude a été faite sur un vignoble qui montre qu'il y a un excès de leucémie infantile jusqu'à un kilomètre."
Corinne Lepage, avocateà France Bleu Berry
"D'autres études montrent que jusqu'à 150 mètres, vous avez à peu près la même dose de pesticides que le lieu de l'épandage. Cinq ou dix mètres, ça ne protège rien du tout", assure l'avocate.
Un même traitement pour les riverains que pour les agriculteurs
La loi sur la sécurité sociale de 2020 a permis d'inscrire sur le tableau des maladies professionnelles trois pathologies : les lymphomes non hodgkiniens, la maladie de Parkinson et le cancer de la prostate. "Pour ces trois maladies-là, les agriculteurs n'ont pas à prouver un lien de causalité entre l'usage des pesticides et leur maladie, c'est automatique. Ce que nous voulons, c'est que pour les riverains, ce soit la même chose, poursuit Corinne Lepage. Il faut arriver vers un système relativement automatique dès lors qu'il est prouvé que la personne a été exposée à de nombreuses reprises à l'épandage de produits toxiques". L'avocate précise qu'il ne s'agit pas de faire "des procès contre les agriculteurs". "Le procès est dirigé contre l'État pour obtenir un système d'indemnisations pour les riverains qui sont confrontés à un problème au moins aussi important que celui des professionnels."
Pour cette action collective, l'avocate va représenter trois catégories de personnes : "Au départ, on était parti sur les trois maladies professionnelles, mais on s'est rendu compte que d'autres maladies étaient concernées", notamment chez les enfants. Elle a alors "mis des règles simples et les moins discutables possibles". "On a mis 150 mètres de distance, décrit Corinne Lepage. Ensuite, on a prévu trois cas : ceux qui ont une des trois maladies indemnisables, ceux qui ont une maladie dont il est reconnu qu'elle est très probablement due aux pesticides", dans le plan Ecophyto, il y a six pathologies qui sont visées" et "nous avons ajouté une catégorie un peu plus large pour tous ceux qui souffrent de troubles d'anxiété, c'est-à-dire les gens qui sont à côté de ces champs et qui ont peur, tout simplement".
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