Reportage "C'est incompréhensible" : à Marseille, les pêcheurs excédés par un projet d'arrêté qui les obligerait à enregistrer leurs prises sur une application

La direction interrégionale de la mer Méditerranée envisage un projet d'arrêté pour obliger les pêcheurs de loisir à enregistrer, sur une application, toutes les prises qu’ils effectuent. Les avis sont majoritairement défavorables.
Article rédigé par franceinfo
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Des pêcheurs à Marseille (Bouche-du-Rhône), le 4 octobre 2023. (Illustration) (GARDEL BERTRAND / HEMIS.FR / HEMIS.FR)

Le projet d'arrêté vise à recenser les poissons dans les calanques. La direction interrégionale de la mer Méditerranée envisage d’obliger les pêcheurs de loisir à enregistrer, sur une application, toutes les prises qu’ils effectuent sur le périmètre du parc national des calanques et ses alentours. Ce périmètre de pêche serait grand de plus de 130 000 hectares. Cela vaudrait à la fois pour la pêche en mer et celle sur le littoral. L’arrêté est encore loin d’être appliqué mais, déjà, il fait enrager de nombreux pêcheurs marseillais.

Après plusieurs heures au soleil sur une digue au bord de l’eau avec un ami, Guillaume range la canne à pêche bredouille. Pas grave, ce Marseillais est surtout là pour profiter du beau temps. Alors quand on lui dit que bientôt il devra peut-être enregistrer tout ce qu’il pêche, on lui gâche un peu le plaisir. "Il faut que ça reste de la pêche de loisir, dit-il. S'il faut, à chaque fois qu'on fait une prise, la noter et puis après différencier deux poissons de la même variété... Il ne faut pas que ça devienne une corvée non plus. On vient là pour se détendre un matin par semaine".

159 avis défavorables sur 164 contributions 

Dans le projet d’arrêté, c’est via une application, Catch Machine, que les amateurs devraient enregistrer leurs prises. De quoi faire bouillir Yves Tambon, responsable d’une école de pêche marseillaise. "Je pense que ceux qui ont fait ça, ils n'ont jamais mis les pieds à la mer, assène-t-il. Ce n'est pas la peine de faire des enquêtes comme ça, il fallait nous demander à nous. On ne va pas s'amuser à prendre le smartphone avec les mains mouillées. C'est carrément incompréhensible leur histoire".

Lors de l’enquête publique justement, menée en novembre à propos de l'application, 159 des 164 contributions étaient des avis défavorables. La direction interrégionale de la mer a indiqué qu’elle allait revoir sa copie.

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